Les réseaux sociaux et l’éditon

décembre 8, 2018 Non Par admin

Correspondances, réseaux, édition électronique
Eric-Olivier LOCHARD et Dominique TAURISSON Actes du Colloque La Plume et la Toile. Pouvoirs et réseaux de correspondance dans l’Europe des Lumières, Arras, 26-27 octobre 2000, textes réunis par Pierre-Yves Beaurepaire, intr. Daniel Roche Arras, Artois Université Presses, 2002 Version non corrigée par l’éditeur

Les questions, méthodes etrésultats qui nous présentons ici sont issus d’un programme de recherche sur les textes, dirigé depuis 1994 par Eric-Olivier Lochard1, et articulé sur une double problématique : l’édition des textes savants, l’analyse de leur contenu, confrontées aux apports de l’informatique, aux pratiques de la lecture et de l’écriture induites par l’architecture non linéaire de l’information. L’instrumentationélectronique que nous avons développée se fonde sur la mise au point d’un nouveau paradigme pour l’édition et l’étude des textes (ARCANE)2, et la pratique de méthodologies de travail adaptées. L’objet de ce paradigme est de proposer une organisation cohérente et opératoire d’informations multimédias dans une base de données, de façon à ce que les éditeurs des textes et leurs lecteurs disposent d’un langagecommun pour leur élaboration et leur recherche. L’édition peut alors se concevoir comme la construction d’un monde de connaissances scientifiquement établies, circonscrites à un domaine d’étude, dont les éléments se répartissent en trois catégories : • des sujets*3 (personnes, œuvres, lieux, institutions, concepts, etc.) qui constituent les centres d’intérêt d’un projet d’édition et de recherche ;• des documents* textuels, sonores, images fixes ou animées ; • des enrichissements* pour éclairer ou illustrer les sujets et les documents,
Ce programme a été développé par l’équipe Modèles informatiques pour l’étude et l’édition des textes (Centre d’étude du 18e siècle, CNRS-Université Paul-Valéry). Il est intéressant de noter que les difficultés rencontrées pour évaluer ce genre de rechercheappliquée et comprendre l’interdisciplinarité au sein même d’un laboratoire SHS (par exemple, une équipe dirigée par un informaticien dans un centre d’étude de la littérature) ont provoqué la dissolution de l’équipe en septembre 2000. Cette décision pourrait paraître paradoxale au moment même où, l’édition électronique devenant un enjeu économique majeur, on attendrait du CNRS une stratégieeffective de soutien et non d’entravement aux réalisations innovantes. 2 Voir Eric-Olivier Lochard, « TOPOSATOR et ARCANE : la nouvelle technologie dans le contexte des thésaurus et des éditions critiques », Literary and linguistic computing, Oxford University Press, vol. 10, n° 2, 1995 ; Eric-Olivier Lochard et Dominique Taurisson, « Un Logiciel pour l’édition scientifique et partagée des textes »,conférence faite à l’ENS le 26 janvier 1995, Banques de données et hypertextes pour l’étude du roman, dir. Nathalie Ferrand, Paris, PUF, 1997 (Ecritures électroniques). 3 Le signe * renvoie aux définitions placées à la fin de l’article.
1

1

établir des liens dynamiques entre eux, ou pour formater et produire des éditions de tout ou partie d’un monde. Outre l’édition, cette instrumentationest, comme nous allons le voir, particulièrement adaptée à l’approche dynamique des réseaux de correspondances et d’information qui seraient « inscrits » dans les textes épistolaires. Non seulement, elle fournit des outils pour leur exploration, mais elle permet de s’interroger sur la difficulté à manipuler la notion même de réseau qui est tout à la fois un ensemble d’agents et de relations, un lieud’échanges, une ressource, une somme de données et une grille de lecture qu’on projette sur cette somme de données pour la représenter, autrement dit une manière de montrer des combinaisons complexes dont on ne sait pas si elles ont vraiment existé, avec ou sans conscience d’elles-mêmes, et dont il ne subsiste que des indices, au mieux des traces disséminées. I – Auteurs & Lecteurs Un des…