Ntic et langage oral

décembre 6, 2018 Non Par admin

NTIC et formation au langage oral

1 Généralités sur le langage oral.

Le langage oral présente une grande diversité de formes car il ne se caractérise pas seulement par son support (verbo-auditif) mais aussi, comme tous les autres langages, par les conditions contextuelles de son exercice et par les fonctions particulières que cet exercice met en oeuvre. De ces caractéristiquescontextuelles et de ces fonctions on peut donner quelques exemples.
Exemples de caractéristiques contextuelles.
Il y a des formes de l’oral en présence et des formes de l’oral à distance. Les structures de la désignation ne sont pas les mêmes dans les deux cas. En présence la désignation est « déictique » (ceci, cela, cet objet ici). A distance, la désignation est « anaphorique » car, hors de la présencedu référent elle ne peut le viser qu’en introduisant explicitement des rappels, des descriptions etc. D’autre part, la présence autorise l’usage d’indicateurs extralinguistiques (gestes, intonations, mimiques) qui font que la communication se donne davantage comme une suite d’inductions rectifiées que comme une construction rigoureuse du sens. L’implicite situationnel y joue un rôle considérableaux dépens des explicitations vérificatrices.
Exemples de fonctions.
Selon le poids relatif des fonctions expressives ou des fonctions cognitives que la communication prend en charge l’usage, et par suite la forme, de l’oral n’est pas le même. Le poids relatif de la solidité du contenu par rapport à la manière dont l’émetteur s’affirme ou dont il séduit l’auditeur n’est pas le même. Il ne fautpas croire que le langage est fondamentalement un instrument de communication. Il est peut être, et tout particulièrement du point de vue éducatif, un instrument de représentation, de construction de modèles mentaux, une prise de pouvoir de l’homme sur le monde physique et humain. Alors que les fonctions expressives sont directement, émotionnellement, accessibles au langage oral, les fonctionsreprésentatives et cognitives sont beaucoup plus difficiles à mettre en place car elles doivent tenir compte d’une linéarité spécifique des langues naturelles (projection sur une structure unidimensionnelle de modèles et de représentations articulées de manière beaucoup plus complexe). Si le langage oral en présence n’a pas tellement besoin s’être systématiquement formé (il est plutôt l’objet d’une« acculturation »), le langage oral à distance a beaucoup plus besoin de l’être car il demande une maîtrise lexicale et syntaxique dont l’oral en présence peut se passer.
Conséquences en ce qui concerne les NTIC.
Ces remarques préalables sont d’importance car elles définissent nos responsabilités par rapport à ce mouvement vers l’oralisation à distance que développent les média depuis le téléphone,la radio, le magnétophone, la télévision etc. Notre époque est celle d’un développement extraordinaire de la langue orale. De nouveaux augures considèrent ce nouvel envahissement de l’oral comme une sortie de la « galaxie Gutemberg », sortie qui aurait tous les caractères d’une régression. C’est possible. Mais c’est précisément contre le caractère sauvage, anarchique que pourrait prendre cetenvahissement que nous devons réagir. Non pas pour lutter contre l’oral mais pour en infléchir et en discipliner les usages. Toutes les disciplines y contribuent tant pour les fonctions expressives que pour les fonctions cognitives. Mais, à la fois à l’intérieur des disciplines et dans un domaine interdisciplinaire, l’informatique introduit une nouvelle donne. Elle constitue en effet un nouveau médiatout à fait original, non pas un média d’information mais un média de « traitement ». Et ce sont les exigences du traitement qui vont offrir, si nous savons les saisir, des conditions favorables à un « retour du cognitif » à travers lequel se réconcilieraient, dans l’institution éducative, la tradition et la modernité.

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