Révolution industrielle au ru
Royaume-Uni : La révolution industrielle, article de Y. Kattan in Dictionnaire d’histoire économique de 1800 à nos jours, coll. J. Brémond, ed. Hatier, 3e ed., 1987, pp. 471-485 (les tableaux chronologiques ne sont pas reproduits).
La révolution industrielle
Au milieu du 19e siècle, la Grande-Bretagne est la première puissance mondiale. La révolution industrielle, dès la fin du 18e siècle, apermis le démarrage (« Take off » de Rostow) de l’économie britannique qui passe de l’économie artisanale à l’économie industrielle en deux phases :
1760-1830 : La révolution industrielle bouleverse l’industrie textile. L’industrie cotonnière est essentielle, entraînant et animant les autres secteurs comme la construction ou la chimie des colorants. Nous sommes sous les règnes de George III(1760-1820) et George IV (1820-1830), et cette période a été entrecoupée par les guerres contre Napoléon.
1830-1850 : La Grande-Bretagne connaît une phase essentielle de son développement : un second démarrage « véritable aventure économique »[1] pendant laquelle l’industrie métallurgique passe au premier plan, animée par le développement du chemin de fer.
Les productions de charbon et de fertriplent. La période suivante 1850-1880 voit l’apogée de l’Angleterre libre-échangiste et industrielle, mais la fin du règne de Victoria (1837-1901) laisse poindre des signes de déclin.
Les préconditions de la Révolution
Les capitaux
La révolution industrielle nécessitait des capitaux et de la main-d’œuvre en plus des ressources en fer et charbon dont l’Angleterre ne manquait pas, non plus qued’esprit inventif et entreprenant. Les capitaux avaient été accumulés au long des 16e et 17e siècles dans le commerce maritime. Après avoir évincé l’Espagne (Grande Armada, 1588)[2] la Grande-Bretagne, maîtresse des mers, s’était réservé le commerce avec ses colonies et le quasi-monopole du transport des marchandises qu’elle importait, par l’Acte de Navigation de 1651, ruinant ainsi en partie lapuissance maritime hollandaise. Par ailleurs, la Révolution Agricole en cours depuis le 16e siècle, permit aussi de dégager des capitaux du secteur agricole vers le secteur industriel en même temps que le transfert de population de la campagne vers les villes.
La révolution agricole
La révolution agricole a ainsi précédé et permis la révolution industrielle. Elle s’est inscrite dans un cadre ruraltransformé par le mouvement des « enclosures ». Celui-ci a débuté dès le 16e siècle, il a consisté :
– Dans la clôture et le regroupement des terres jusque-là ouvertes «openfield» et morcelées en multiples parcelles exploitées selon les règles communautaires d’assolement exigeant une période de repos (la jachère) un an sur deux ou sur trois, et la vaine pâture (toutes les terres laissées en pâture auxtroupeaux après la moisson).
– Dans le partage et la mise en exploitation des Communaux (landes, friches, bois à la disposition de la communauté villageoise et indispensable aux plus pauvres).
Au 18e siècle, les grands propriétaires firent voter par le Parlement qu’ils dominaient des lois, (« enclosures Act » à partir de 1727), qui accélérèrent le mouvement et entraînèrent un bouleversement dela structure sociale de la terre aux dépens des paysans pauvres incapables d’assurer les frais de clôture et des journaliers sans terre, privés désormais de l’utilisation des communaux.
L’exode rural qui en résulta n’aboutit cependant pas, comme on le pensait depuis Marx, à la disparition de la classe des petits propriétaires fonciers (Yeomen), Une population rurale importante se maintint surplace pour répondre aux exigences accrues d’une agriculture intensive et modernisée, permise par une structure agraire renouvelée. Le remembrement, l’extension des surfaces cultivées, le remplacement de la jachère par des cultures améliorantes pour le sol (trèfle, luzerne), le drainage, le marnage des terres améliorèrent la productivité du sol, mais exigèrent plus de main-d’œuvre. L’initiative…