La traduction pedagogique

décembre 5, 2018 Non Par admin

Stefan Corina
Master LFPC II

Danica Seleskovitch et Marianne Lederer, Interpreter pour traduire, coll. Traductologie, numero 1 Paris: Didier Erudition, 1984

Ce fort volume est construit autour de trois chapitres qui circonscrivent les reflexions des auteures sur les deux vecteurs de la pensee que sont la traduction et l’interpretation. Les chapitres sont respectivement intitules:
1.Qu’est-ce que traduire?
2. L’enseignement de l’interpretation
3. La traduction et le langage
La matiere de ce livre provient de communications et d’articles parus dans plusieurs revues et actes de colloques entre 1973 et 1982. Les 17 textes colliges se partagent ainsi: D.S. 10 textes et M.L. 17 textes.
Le besoin de traduire ou d’interpreter decoule du besoin de communiquer quelque chose aquelqu’un par l’intermediaire d’un traducteur ou d’un interprete. Ce qui est transmis c’est un texte ( sous une forme orale ou ecrite ) et non une langue entiere, c’est un certain contenu semantique lie en une seule forme linguistique en vue de la transmission d’un message precis et non de son occultation. C’est autour de cette question centrale que sont debattus quelques concepts-cles.
Dans le premierchapitre Marianne Lederer traite successivement du transcodage et de la reexpression d’un discours, de la comprehension et de la transmission de l’information, autrement dit de l’implicite et de l’explicite, de la traduction simultanee, qu’elle explique du point de vue de ses mecanismes et de celui de son fonctionnement: les conditions de sa reussite, les causes de ses echecs. D.S. remet sur letapis la question des rapports saussuriens langue/parole; elle scrute les rapports entre la traduction et la prise de conscience du monde; elle ennonce quelques uns des principe du systeme de l’intelligence artificielle ( la traduction automatique ), tout en rappellant ses liens avec l’Homme, dont on oublie trop souvent l’apport des connaissances extralinguistiqus dans l’accomplissement de latache de traduction. L’auteure discute aussi des niveaux de traduction,c’est-a-dire des modalites du passage d’une langue a une autre , modalites qui se modelent sur des motivations dont l’origine est parfois extralinguistique.
Les niveaux de traduction
La différenciation entre le domaine linguistique et le domaine extralinguistique est présentée chez Seleskovitch sous le terme de «niveaux detraduction» (voir par ex. l’article «Les niveaux de traduction», Contrastes, A 1, 1982). Deux niveaux, ou deux «étapes», sont pour elle essentielles :
— le niveau de la signification des formes linguistiques (mots, phrases), identifiables hors contexte ;
— le niveau du sens que la signification véhicule dans une situation de communication concrète, dans le texte ou dans le discours. C’est le sensqui est l’objet de la traduction.
« La signification des énoncés linguistiques (…) n’est jamais qu’un aspect dénominateur, une « synecdoque », comme l’a appelée M. Lederer (1976), pour un ensemble cognitif plus vaste.» (Seleskovitch, 1979, repris dans Seleskovitch
et Lederer, 1984, p. 257).
La traduction professionnelle comme processus se fait, d’après Seleskovitch, en trois étapes : les deuxpremières qui viennent d’être mentionnées, puis une troisième, qui consiste à restituer le sens dans la langue d’arrivée (op. cit., p. 263). Seleskovitch est sans doute la première théoricienne à avoir démontré la différence entre la signification et le sens dans la pédagogie de l’interprétation. Elle insiste sur l’importance fondamentale de cette distinction pour toute traductionprofessionnelle.
Elle oppose au modèle binaire — 1. comprendre les formes et leurs significations dans la langue de départ ; 2. en restituer les significations dans la langue d’arrivée — son modèle interprétatif à trois étapes —
1. comprendre la langue de départ (les formes linguistiques et leurs significations)
2. comprendre le sens exprimé dans le texte de départ (par l’adjonction du «complément…