Fiche keynes
John Maynard KEYNES (1883-1946)
Repères biographiques
John Maynard Keynes nait à Cambridge le 5 juin 1883, l’année de la mort de Marx et de la naissance de Schumpeter. Il effectue ses études à Cambridge, où il excelle en mathématiques. En septembre 1906, il est nommé pour deux ans à Bombay, au bureau des affaires indiennes.
En Aout 1908, grâce à Alfred Marshall, ilprépare sa thèse sur la probabilité tout en donnant des cours d’économie. En 1911, il devient rédacteur en chef de l’Economic Journal et publie en 1913, Indian Currency and Finance, ouvrage dans lequel il s’oppose, en vain, au projet d’étendre l’étalon-or à l’Inde. Nommé au Trésor au début de la première guerre mondiale, il participe aux négociations du traité de Versailles. En désaccord avec lespropositions retenues, il démissionne et écrit en 1919 les conséquences économiques de la paix, best seller dans lequel il démontre l’incapacité de l’Allemagne à payer les réparations exigées par les alliés et annonce la catastrophe sociale et politique de l’entre deux guerres.
En décembre 1923, il publie le Tract on monetary reform, dans lequel il justifie son refus de sacrifier l’activitééconomique intérieur sur l’autel de la livre. Mais il échoue : le retour à la parité or est décidé en 1925. La suite lui donne pourtant raison, car cette parité, maintenue par une politique déflationniste désastreuse, doit être abandonnée en 1931.
En octobre 1930, il publie le traité sur la monnaie, dans lequel il rompt avec l’analyse monétaire de l’inflation. La théorie générale del’emploi, de l’intérêt et de la monnaie est publiée en 1936.
En 1940, Keynes devient membre d’un conseil consultatif chargé d’organiser le financement de la guerre. En 1942, il est fait « baron Keynes de Tilton » et siège à la chambre des Lords. Dés septembre 1943, il commence à préparer avec son interlocuteur américain Harry White ce qui deviendra la célèbre conférence de Bretton Woods.Il décède le 21 avril 1946 à Tilton.
Analyse et contexte historique
Keynes appartient à une génération charnière qui vit le passage de l’aire victorienne, avec son étouffante chape morale, à la modernité du XXème siècle. Elevé dans un milieu libéral au sens anglo-saxon, il partage avec son entourage, notamment les jeunes intellectuels et artistes du groupe Bloomsbury, unevision progressiste qui le conduit à critiquer l’Angleterre victorienne et puritaine. L’anticonformisme est donc une clé majeure de son œuvre. Pourtant en matière économique, Keynes a été formé dans le cadre d l’orthodoxie néoclassique au King’s College de Cambridge, où enseigne A. Marshall et C.A. Pigou, économistes parmi les plus prestigieux de l’époque. En fait, son œuvre est le résultant d’unlong processus d’éloignement de cette conception de l’économie. Elle est aussi un plaidoyer pour la sauvegarde des démocraties libérales. Le monde change : le temps du laisser faire et de l’étalon-or est définitivement révolu. La première Guerre Mondiale a bouleversé l’ordre économique et social mondiale. La gestion économique traditionnelle est devenue inefficace. La seule façon de sauver cettecivilisation contre la menace totalitaire est d’accepter les réformes, notamment un certain degré d’intervention de l’Etat dans l’économie, afin de rétablir le plein emploi et une plus grande justice sociale.
Or l’analyse économique peine à rendre compte du fonctionnement réel de l’économie. Est-il possible d’interpréter sérieusement le chômage massif de l’entre-deux-guerres par un refus dela baisse des salaires réels ? Comment prétendre que des millions d’hommes préfère la misère à un emploi jugé insuffisamment rémunéré ? Comment expliquer la récession forte et durable des années 1930 ? De quoi mettre en doute les vertus autorégulatrices du marché. Peut-être sur le long terme, des mécanismes autorégulateurs existent-ils, mais « à long-termes écrit Keynes, nous sommes tous…