Cartier
Cartier étudie le Saint-Laurent, donne la première description de la région de Montréal et esquisse un portrait des Indiens. Champlain délaisse les voies navigables pour pénétrer dans les terres et dans les villages, conclut des alliances et fait la guerre contre les Iroquois. Dans l’oeuvre de Sagard, l’explorateur cède la place à l’ethnologue qui jette un regard pénétrant sur les HURONS, scruteles moindres détails de leur vie quotidienne et tente de tirer des conclusions au sujet de leurs pratiques sexuelles, religieuses et politiques, et de leurs habitudes alimentaires. Le contenu des RELATIONS DES JÉSUITES, vaste recherche menée par les jésuites et couvrant 60 années, est plus fragmentaire mais plus systématique que l’oeuvre de Sagard. Leurs connaissances passent par le prisme del’évangélisme mystique et militariste qui leur est propre (un jésuite est un « soldat du Christ »). Ils perçoivent le Canada comme un vaste théâtre où Dieu et Satan se livrent une éternelle et impitoyable bataille par l’intermédiaire des « sauvages ». L’objectif de Lahontan dans Nouveaux voyages, mémoires et dialogues n’est pas d’apporter des faits nouveaux sur l’Amérique mais plutôt d’engager unepolémique sur les connaissances de l’époque. Pierre CHARLEVOIX présente l’histoire de l’Am. du N. comme un tout cohérent, mais Lahontan soutient que l’histoire étant en perpétuel changement, le sens des événements ne peut être établi de façon permanente.
Le récit de voyage, genre littéraire complexe, représente à la fois une façon de communiquer une expérience individuelle, de discuter desconnaissances générales existantes ou d’en apporter de nouvelles. Mais de quelle manière l’auteur peut-il transmettre le caractère unique de ses aventures alors que, souvent, d’autres ont vu avant lui ce qu’il décrit? La description des événements, des lieux exotiques et étranges doit être enrichie d’un contenu dramatique, organisée et placée dans un contexte facilitant la compréhension du lecteur européen.Il existe ainsi de nombreux écrits sur l’origine des Indiens et leur religion, de même que sur le climat du pays; on trouve également un grand nombre de cartes et quantité de dessins sur les Indiens d’Am. du N. et sur les plantes et les animaux du N. et du S. Les auteurs font de longues descriptions sur leurs thèmes favoris; ainsi Lahontan traite du castor, Hennepin des chutes Niagara et de MARIEDE L’INCARNATION, et les jésuites décrivent le tremblement de terre de 1663, la guerre, la chasse, les rituels complexes du mariage et de la fête des morts chez les Hurons.
Les récits de voyage écrits après 1760 sont également répartis en trois catégories principales. La première comprend les écrits des VOYAGEURS, des commerçants et des explorateurs. Il existe peu de récits de première main bienque Joseph-François Perrault, Jean-Baptiste Perrault, Charles Le Raye, Jean-Baptiste Trudeau, Pierre-Antoine Tabeau, François-Antoine Larocque et Gabriel Franchère aient tous relaté de façon intéressante leurs voyages au cours des années 1779 à 1810. À cette époque, ces récits ne sont pas publiés ou ne connaissent pas de grande diffusion; des spécialistes canadiens et américains les tirent del’oubli au XXe s. La seconde catégorie, florissante durant la première moitié du XIXe s., se compose de récits de missionnaires, riches en observations sur la vie des Indiens et des Métis. On compte dans cette catégorie les Missions des frères Modeste Demers et François-Norbert Blondet, et les descriptions des missionnaires Jean-Baptiste Brouillet et Jean-Baptiste Bolduc sur la région côtière duPacifique. Le genre subsiste dans les nombreux journaux intimes publiés par les ordres religieux canadiens-français (voir COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES CHRÉTIENNES) qui envoient leurs « serviteurs » oeuvrer dans les coins les plus reculés de l’Empire brit., de l’Amérique latine, de l’Afrique française, du Japon et de la Chine.
La troisième catégorie, de loin la plus imposante, appartient à l’âge d’or du…