La cible de consommation article académique

novembre 28, 2018 Non Par admin

Jean-Jacques Obrecht

Cible de consommation et conjoncture
In: Revue économique. Volume 19, n°4, 1968. pp. 674-692.

Citer ce document / Cite this document : Obrecht Jean-Jacques. Cible de consommation et conjoncture. In: Revue économique. Volume 19, n°4, 1968. pp. 674-692. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1968_num_19_4_407829

CIBLE

DECONSOMMATION

ET

CONJONCTURE

A l’occasion des recherches contemporaines sur la théorie de la consommation sont apparues de nouvelles notions parmi lesquelles celle de cible de consommation. De façon très générale celle-ci désigne la consommation qu’une unité économique se propose d’atteindre dans un avenir plus ou moins proche. L’existence d’une telle cible met en œuvre un comportement spécifiquequi exerce sur la conjoncture des effets significatifs. La notion de consommation-cible ou plus exactement le compor tement économique qui s’y trouve associé est un sous-produit des travaux de la génération d’économistes opposés à l’orthodoxie keynésienne en matière de théorie de la consommation. Selon les thèses keynésiennes et post-keynésiennes, les consommateurs dans leur ensemb le étaientincapables d’agir d’une façon autonome sur l’économie : le rôle moteur incombait à l’investissement et non à la consommation, laquelle se trouve déterminée par le revenu. Les thèses de l’opposition telles qu’elles sont formulées aujourd’hui sont essentiellement une contestation de cette manière de situer la consommation et les con sommateurs dans l’économie. L’importance placée sur la psychologie duconsommateur par G. Katona !, E. Mueller 2 et d’autres prend le sens d’une restau ration directe de l’autonomie du consommateur. Selon ces auteurs, la négligence des « attitudes des consommateurs a souvent été fondée sur l’hypothèse que la dépense des consommateurs et leur épargne sont commandées avant tout par le revenu, passé et présent, et que les fluctuations du revenu sont déterminées par desforces qui sont en dehors du pouvoir du consommateur » 8. 1. Katona (G.), Psychological analysis of economic behavior, McGraw-Hill, 1951 ; The powerful consumer, McGraw-Hill, 1960 ; The mass consumption society, McGraw-Hill. 1964. 2. Mueller (E.), «Effects of consumer attitudes on purchases», A.E.R-* 1957/ 3. Mueller (E.), Katona (G.), Consumer attitudes and demand, 1950-1952, Ann Arbor, Institutefor Social Research. University of Michigan, 1953, p. 1.

CIBLE DE CONSOMMATION

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Avec M. Friedman 4, F. Modigliani et R. Brumberg 5 et d’autres, l’accent est mis sur le rôle du temps dans le comportement des consommateurs. Les dépenses de consommation sont liées à un revenu moyen anticipé sur un certain nombre de périodes, qui définit le revenu permanent, et non au revenu de la périodecourante. C’est dire que le consommateur est capable d’un « horizon économique » et capable de faire des plans de consommation en fonction des revenus attendus. Sous-jacente à cette analyse se trouve la théorie classique du com portement du consommateur dans le temps conçu comme un effort effectué par les unités économiques en vue de maximiser l’utilité de la consommation sur une série depériodes (« >. D’autres, enfin, sont impressionnés par l’étendue du pouvoir d’ac tion que possèdent les ménages sur la dimension de leur revenu, du moins dans les économies développées. D.B. Suits interprète ce fait comme une négation au moins partielle de la notion de fonction de consommation et comme un retour vers quelque chose de plus proche du modèle classique du comportement du consommateur 7. Lacarac téristique essentielle de la fonction de consommation consiste dans le rôle du revenu qui est une contrainte du comportement plutôt qu’un aspect de celui-ci. Dans une situation de chômage et de dépression, le revenu peut, certes, être traité comme une variable contraignante. Mais dans une situation de prospérité et de plein emploi, de nom breuses unités économiques sont libres d’offrir plus…