Ile des esclaves – scène i

novembre 26, 2018 Non Par admin

Commentaire Composé : Scène 1, L’Île des Esclaves, Marivaux.

Alors que les écrivains du 17ème furent avant tout des moralistes, préoccupés de l’amélioration de l’individu, ceux du 18ème eurent en vue le renouveau de la société, la perfection de celle-ci et la fin des injustices sociales. C’est pourquoi de nombreux auteurs créèrent des œuvres aux caractères utopiques et y installèrent unecritique implicite afin de dénoncer ces inégalités.
En outre, Marivaux, à l’aide d’une courte mise en scène : L’ile des Esclaves, critique lui aussi les injustices sociales, plus précisément celles qui existent entre les nobles et leurs esclaves, en y simulant un renversement radical des classes sociales. Comment évoluent alors les deux personnages que découvre le spectateur suivant ce renversement ?Ainsi, dès la première scène, l’auteur expose le contexte de son action mais aussi les premières réactions de ces personnages qui sont pour le moins rapides.

Etant la première scène d’une pièce qui ne comporte qu’un acte, celle-ci doit donc normalement remplir totalement son rôle de scène d’exposition étant donné la brièveté générale de la pièce. Une scène d’exposition doit situer le contextegénéral dans lequel va se dérouler la pièce, donner les informations nécessaires concernant des événements antérieurs au début de la pièce et donner les premiers éléments de l’intrigue qui vont exciter la curiosité du spectateur, et du lecteur.
Cependant, ici, l’époque est difficile à situer : deux références à l’antiquité sont faites, mais de manière assez vague, celles-ci étant l’esclavage enGrèce et l’utilisation de noms grecs. Cette référence antique est facilement oubliée et la pièce semble davantage se dérouler à une époque beaucoup plus contemporaine. Par exemple : Le nom d’Arlequin est une référence à la Commedia dell’arte, genre de théâtral populaire italien apparu au 16ème siècle. Le lieu est également très vague, les indications de décor, avant le début de la pièce peuvent lemontrer : une mer, des rochers, des arbres et quelques maisons. L’Île présente également les caractéristiques d’une utopie : c’est un endroit isolé, sans contact direct avec le monde habituel : la création de nouvelles lois et l’abolition des anciennes est possible. Aucune précision géographique n’est faite, ce qui favorise la réflexion du lecteur ou du spectateur.
En plus de d’installer unevision utopique de l’ile, l’auteur met en scène deux personnages principaux, stéréotypes des comédies françaises et italiennes.
En effet, Arlequin appartient au type des zannis de la commedia dell’arte : c’est un valet spontané, joyeux, apparemment sans méchanceté. Il sauve du naufrage une bouteille de vin qui est un signe extérieur du « bon vivant ». Quant à Iphicrate, c’est un personnage quiappartient davantage au comique français : aristocrate sûr de sa position sociale, ceci est reflété par les caractères que lui prête Marivaux tels que l’égoïsme avec l’utilisation de la première personne dès la première réplique de la scène, la condescendance : « mon cher Arlequin », et l’autorité naturelle montrée par les nombreux impératifs : « Suis moi donc, Parle donc… ».
Il s’agit donc depersonnages comiques qui donnent la tonalité d’ensemble de la pièce et en lance l’intrigue. Cette scène peut être donc qualifiée de scène d’exposition malgré les différences qui subsistent avec les pièces classiques, beaucoup plus précises.

La pièce commence par une rupture violente avec un passé auquel le spectateur n’a pas accès où un renversement concret de situation est marqué par le naufrage. Lerenversement d’ordre moral est effectué par le valet Arlequin qui affirme dès la première scène son refus désormais d’obéir à Iphicrate, qui, lui, voudrait absolument fuir cette île et retrouver son pouvoir.
De cette façon, le renversement d’ordre moral est présent dès le début, sans qu’intervienne néanmoins d’emblée le thème du changement de costume : représentation explicite de celui-ci….