Vous constituerez une anthologie portant sur les fleurs du mal et vous en rédigerez la préface

janvier 2, 2019 Non Par admin

Vous constituerez une anthologie portant sur Les Fleurs du mal et vous en rédigerez la préface.

Lire Baudelaire au XXIe siècle, il y a de quoi s’interroger. En quoi de la poésie vieille d’un siècle et demi peut-elle encore intéresser les lecteurs ? La poésie de Baudelaire a-t-elle vraiment sa place dans ce monde mécanisé et informatisé ? Entre les catastrophes naturelles et la course au« toujours plus », lire Baudelaire parait un peu incongru.

Alors pourquoi lire Baudelaire ?
Parce que c’est beau. Baudelaire a derrière lui le romantisme et le parnasse, deux mouvements littéraires dont il s’inspire. Son recueil, Les Fleurs du mal, est d’ailleurs dédié au chef de file des parnassiens, Théophile Gautier. Mais Baudelaire refuse l’étiquette. Ainsi ses poèmes ne sont ni romantiques niparnassiens. Un peu des deux sans doute, bien que certains, comme « L’Homme et la mer » (XIV, Spleen et Idéal), appartiennent à ce que l’on appelle le romantisme noir. Baudelaire ignore qu’il est en train de forger le symbolisme, mouvement littéraire qui suivra. C’est pour cela que sa poésie est si belle. Parce qu’elle est neuve et sans prétention. Selon Baudelaire, « la poésie n’a pas d’autre butqu’elle-même ». La sienne est sans engagement. Elle se doit d’être belle car c’est ce qui la définie, comme l’indique le poète dans « Hymne à la Beauté » (XXI, Spleen et Idéal). Baudelaire recherche le beau qui pour lui « est toujours bizarre ». « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fais de l’or » disait-il. Alors oui c’est beau. Les Fleurs du mal sont pleines de couleurs, de parfums et de sons quisortent des mots. Les poèmes du recueil sont autant de voyages vers l’idéal qu’au plus profond du spleen. Certains mêlent les deux, comme « Harmonie du soir » (XLVII, Spleen et Idéal) où les sonorités semblent joyeuses tandis que les mots sont mélancoliques.
On peut lire Les Fleurs du mal juste pour le plaisir des yeux et de l’ouïe. Baudelaire utilise sans cesse les mêmes termes, si bien que sonrecueil possède une unité de sons. Les Fleurs du mal est sans doute un des recueils les plus mélodieux de la poésie française. Baudelaire joue également avec la forme de ses poèmes. Il compose aussi bien des sonnets, forme classique, que des pantoums, beaucoup plus exotiques. Ces formes variées sont pour lui un moyen de jouer, encore une fois, avec les mots et les sons, comme dans « Horreursympathique » (LXXXII, Spleen et Idéal) où les sonorités semblent plus importantes que les mots eux-mêmes.

En un siècle et demi, la poésie de Baudelaire n’a pas pris une ride. Toute forme de poésie est intemporelle mais plus particulièrement celle de Baudelaire. En effet encore aujourd’hui elle possède du sens. Dans « Spleen et Idéal », Baudelaire exprime son angoisse face au temps qui passe, notammentdans « De profundis clamavi » (XXX, Spleen et Idéal). Le spleen qui le taraude et qui l’empêche de vivre, décrit dans « Le Guignon » (XI, Spleen et Idéal), ne le ressentons-nous pas, parfois ? Cette angoisse sourde qui, comme « L’Horloge » (LXXXV, Spleen et Idéal), nous rappelle à chaque instant que la vie passe et que nous sommes mortels, ne se cache-t-elle pas au plus profond de nous-mêmes ? Etcette recherche constante de l’idéal, impossible à atteindre, dont parle Baudelaire dans « Elévation » (III, Spleen et Idéal), n’est-elle pas le propre de l’être humain ? Car lorsque le poète parle de lui, il nous parle de nous. Dans « L’Ennemi » (X, Spleen et Idéal), Baudelaire ne s’adresse pas qu’à ses contemporains. Il se doute que ceux qui viendront après seront les mêmes, et auront égalementbesoin de sa mise en garde. En effet Baudelaire veut attirer l’attention sur son recueil car il détient un message qui doit être communiqué à l’humanité toute entière : memento mori.

Bien qu’il soit mort en 1867, Baudelaire vit encore à travers sa poésie. Aussi, lire Les Fleurs du mal, c’est redonner vie au poète. En effet, dans ses textes il nous a laissé beaucoup de lui-même. A ce jour…