Vivendi universal
Historique Stratégique
Gerry Johnson, Kevan Scholes, Richard Whittington, Frédéric Fréry
Introduction à la stratégie
Etude de cas : Vivendi Universal à la conquête de la convergence médiatique
Avec pour objectif la génération durable de profit grâce à la création de valeur pour le client, la stratégie consiste en une allocation de ressources qui engage l’entreprise dans le long terme.Vivendi Universal naquit le 5 décembre 2000, lorsque les actionnaires respectifs de Vivendi, groupe français issu de la Compagnie Générale des Eaux, et ceux de Seagram, groupe canadien de boissons propriétaire de Universal, annoncèrent leur rapprochement. L’opération donna naissance au numéro deux mondial de la communication, derrière l’Américain AOL Time Warner, fondé quelques mois auparavant avecune stratégie similaire. Que de chemin parcouru par le Président-Directeur Général du nouveau groupe, le Français Jean-Marie Messier (surnommé J2M), depuis qu’il avait pris la direction de la vénérable Compagnie Générale des Eaux (CGE) en 1996. Fondée au dix-neuvième siècle pour distribuer l’eau courante dans les villes françaises, la CGE avait développé au cours du temps une culture de discrétionet de proximité avec ses principaux clients, les collectivités locales. Elle s’était progressivement internationalisée puis diversifiée par le rachat d’activités de presse et d’édition (magazines l’Expansion, l’Express et l’Etudiant, éditeurs Nathan, Larousse, Plon, etc.) et de communication (télévision au travers de Canal+, téléphonie mobile avec SFR, téléphonie fixe avec Cegetel). Peu après saprise de pouvoir, le brillant J2M, diplômé de Polytechnique et de l’ENA, âgé de seulement 40 ans et venu de la prestigieuse banque d’affaires Lazard, avait décidé de mettre fin à la stratégie jusque-là discrète et locale de la CGE. Ce revirement avait été symbolisé par l’adoption d’un nouveau nom, à la fois plus moderne et moins spécialisé, Vivendi. De son côté, Seagram était un producteur et undistributeur de boissons alcoolisées (whisky Chivas, vodka Absolut, cognac Martell, etc.) et non-alcoolisées (jus de fruits Tropicana) qui s’était diversifié dans le cinéma et la musique en rachetant l’Américain Universal. Cette diversification quelque peu surprenante résultait de la volonté personnelle du dirigeant et héritier de la famille propriétaire, Edgar Bronfman Jr., passionné parl’industrie du divertissement et du spectacle. Le rapprochement entre les deux entreprises se traduisit par la séparation entre l’activité historique de services aux collectivités de Vivendi (eau, propreté, énergie, transports), dont 28 % furent cédés en Bourse sous le nom Vivendi Environnement en juillet 2000, et ses activités communication et médias (journaux, édition, téléphonie, télévision), fusionnéesavec Universal. De son côté, Seagram céda pour 9 milliards d’euros ses activités de boissons à ses concurrents Pernod-Ricard et Diageo. Au total, la fusion donna naissance à une entreprise de 110 000 salariés réalisant un chiffre d’affaires proche de 25 milliards d’euros, au travers de 5 grandes unités opérationnelles : 1. Universal Music Group, numéro 1 mondial du disque, avec des valeurs sûrescomme U2, Elton John, Serge Gainsbourg ou Johnny Hallyday. 2. Vivendi Universal Publishing, éditeur de livres et de magazines et deuxième éditeur de jeux vidéo sur PC au monde avec Sierra et Blizzard. 3. Universal Pictures, deuxième studio mondial (fondé avant la première guerre mondiale), comprenant également les parcs à thème Universal (États-Unis, Japon, Espagne), un catalogue de 9 000 films et de40 000 heures de programmes télévisés (comme les séries « Columbo » ou « Chapeau Melon et bottes de cuir »), Canal+ et ses 15,5 millions d’abonnés dans 11 pays et plus de 50 chaînes thématiques sur le câble et le satellite dans près de 20 pays. 4. Télécommunications, avec Cegetel et SFR. 5. Internet, au travers du portail Vizzavi, commun avec l’opérateur britannique Vodafone. En février 2001,…