T. desqueyroux

décembre 6, 2018 Non Par admin

Mlmttturjjrjufjfjgfg § cccc Réminiscences
Thérèse Desqueyroux, la narratrice, a tenté d’empoisonner son mari Bernard. Après avoir bénéficié d’un non-lieu, elle se remémore ici, dans le train qui la ramène au domicile conjugal, la période de sa grossesse. Anne de La Trave est sa belle-sœur et son amie d’enfance, le fils Deguilhem est leparti raisonnable auquel cette dernière va se résigner après avoir brûlé pour un certain Jean.

Jusqu’à la fin de décembre, il fallut vivre dans ces ténèbres. Comme si ce n‘eût pas été assez des pins innombrables, la pluie ininterrompue multipliait autour de la sombre maison ses millions de barreaux mouvants. Lorsque l’unique route de Saint-Clair menaça de devenir impraticable, je fus ramenée aubourg, dans la maison à peine moins ténébreuse que celle d’Argelouse. Les vieux platanes de la Place disputaient encore leurs feuilles au vent plu­vieux. Incapable de vivre ailleurs qu’à Argelouse, tante Clara ne voulut pas s’établir à mon chevet; mais elle faisait souvent la route, par tous les temps, dans son cabriolet “à la voie” (1); elle m’apportait ces chatteries que j’avais tant aimées,petite fille, et qu’elle croyait que j’aimais encore, ces boules grises de seigle et de miel, appelées miques ; le gâteau dénommé fougasse ou roumadjade. Je ne voyais Anne qu’aux repas, et elle ne m’adressait plus la parole; résignée, semblait-il, réduite, elle avait perdu d’un coup sa fraîcheur ses cheveux trop tirés découvraient de vilaines oreilles pâles. On ne prononçait pas le nom du filsDeguilhem, mais Mme de la Trave affirmait que si Anne ne disait pas oui encore, elle ne disait plus non. Ah! Jean l’avait bien jugée: il n’avait pas fallu longtemps pour lui passer la bride et pour la mettre au pas. Bernard allait moins bien parce qu’il avait recommencé de boire des apéritifs. Quelles paroles échangeaient ces êtres autour de moi ? Ils s’entre­tenaient beaucoup du curé, je me souviens(nous habitions en face du presbytère). On se demandait, par exemple, « pourquoi il avait traversé quatre fois la place dans la journée, et chaque fois il avait dû rentrer par un autre chemin…”

In Thérèse Desqueyroux, ch. VIII (extrait).
(1) – « A la voie » cette expression signifie que l’écartement des roues de la voiture (â cheval) de la tante Clara est exactement adapté aux ornières deschemins.

QUESTIONS
1- Quels sont les deux principaux « champs lexicaux” présents dans la première partie du texte? (Lignes 1 à 6)
Les deux principaux champs lexicaux semblent être ceux de l’obs­curité et de la prison; à “ténèbres”, »sombre”, »ténébreuse”, répondent “les millions de barreaux mouvants” de la pluie, la présence « des pins innombrables” et les visites à la prisonnière qu’on a »ramenée au bourg”, comme une détenue transférée.
2 – Qui parle dans le texte, et comment?
Ce texte est apparemment un récit effectué à la première person­ne par une narratrice comme l’indiquent les accords grammaticaux et le chapeau qui introduit le texte mais les choses sont un peu plus com­pliquées dans la mesure où les éléments de la narration sont quelque peu décousus. L’absence de mots de liaisonprovoque cette impression, mais aussi la présence des commentaires (Ah! Jean l’avait bien jugée”) et des efforts de mémoire (“Quelles paroles échangeaient ces êtres autour de moi? »). Tout cela nous montre que nous sommes en prise directe sur une conscience au travail. Il s’agit ici d’un monologue intérieur.
3 – Comment interprétez-vous, ligne 22, l’expression « ces êtres”?
«Ces êtres » est uneexpression à valeur péjorative outre le fait que ce terme peut avoir à lui seul un sens dépréciatif, l’emploi qui en est fait ici souligne à quel point les proches de Thérèse lui paraissent étrangers.

COMMENTAIRE COMPOSÉ

Dans le train qui la ramène à Argelouse où l’attend son époux Bernard, Thérèse Desqueyroux prépare une confession qui est aussi un plaidoyer. Elle doit en effet…