Stendhal, le rouge et le noir
a) Quel portrait Stendhal dresse-t-il du milieu aristocratique de la Restauration ?
Comme à son habitude, Stendhal dresse un portrait assez critique de ce monde aristocratique du faubourgSt-Germain, monde conservateur et proche du pouvoir des Bourbons.
On trouve tout d’abord de nombreuses indications relatives au niveau de vie de ces grands aristocrates. La présence d’une bibliothèquelaisse entrevoir une vaste demeure où chacun vit dans ses appartements. Elle donne également une idée de l’intelligence du marquis qui lit Voltaire, alors que Voltaire, précisément dans La Princesse deBabylone, ne se pose guère en défenseur de la monarchie absolue. On note aussi la présence d’employés, comme Julien qui est secrétaire, l’usage banal du cheval comme loisir et signe distinctif declasse : la promenade au bois de Boulogne était effectivement un rituel aristocratique des plus courus. On observe également une vie mondaine toujours très active : Norbert se prépare aux conversationsdu soir, le dîner rassemble naturellement des convives extérieurs à la famille, comme l’académicien évoqué à la ligne 31. Le dernier paragraphe montre une « conversation générale », moment importantde la vie des salons.
Mais Stendhal va plus loin que ce aspect purement réaliste et propose aussi une analyse de ce monde. Si le marquis est dépeint – on l’a vu plus haut – comme un être de grandeintelligence, qui sait aussi déceler l’intelligence de ses subalternes, il n’en va pas de même de ses enfants. C’est Norbert, qui paraît tout d’abord bien superficiel : il est d’une politesse parfaite: ayant « oublié l’existence de Julien », il lui offre tout de même de monter à cheval et emploie un « nous » que Julien relève justement comme un signe de tact. De même, lors du dîner, Norbertn’évoque pas la chute de Julien mais répond « en termes généraux ». Voici donc un parfait homme du monde. Pourtant, ce qu’il cherche dans les journaux n’est ni le savoir ni la réflexion mais la simple…