Robbe-grillet, le prologue

décembre 26, 2018 Non Par admin

Robbe-Grillet, le prologue
p.11 « Dans la pénombre » – p. 18 « la vie d’un homme ! »

Alain Robbe-Grillet est considéré comme le père fondateur et le chef de la file du Nouveau Roman. C’est son roman La Jalousie qui a repris le premier cette appellation à son compte dans un article du critique Emile Henriot parut en 1975 dans Le monde. Pourtant Les Gommes, un roman publié quatre ans plustôt que La Jalousie, en 1953 (par Les Editions de Minuit) contient déjà les caractéristiques essentielles de ce mouvement et on le considère parfois comme le premier Nouveau roman.

L’extrait que je vais étudier est une première partie du prologue. Elle commence par la description du narrateur du lieu d’action, du personnage « présent en scène », et quelques indices sur le déroulement desévénements.
Deuxième mouvement est présenté par les réflexions du patron sur les faits quotidiennes qui son interrompues par l’arrivée d’un inconnu cherchant Wallas.
Ayant resté seul, le patron, envahit par l’idée de Pauline, se plonge dans les réflexions sur l’Etre.
Et enfin, le dernier mouvement est présenté par la conversation avec Antoine et visiteur du café.

Dans ce commentaire je vaisessayer de montre comment en remplissant tous les tâches du prologue l’auteur arrive en même temps de manifester dès le début de l’œuvre une nouvelle vision du roman et introduire le thème de mythe d’Œdipe.

I L’incertitude permanent et l’heure précise

A. Les repères spatio-temporels et l’impotence de temps

Traditionnellement au début de livre l’auteur fournit à son lecteur lesinformations qui permettent de situer l’époque et le lieu de l’action, les personnages et leurs relations. Ainsi le roman « Les Gommes » s’ouvre sur la scène dans un café au début de l’hiver, à six heures du matin. Un peu plus tard on apprend qu’ « aujourd’hui c’est mardi ».
Au début du prologue on a forte présence d’isotopie de temps: « chaque seconde », « c’était hier », « il est l’heure », « tout àl’heure », « à cette heure-ci », « c’était dimanche », « depuis dix-sept ans », « pendule », « réveille-matin » etc. Le temps est particulièrement important. Le patron « n’aime pas les gens qui se lèvent avant l’heure ». Le visiteur veut absolument savoir à quelle heure Wallas est parti et quand il reviendra. On peut même dire que cet extrait est scandé par les indices temporels: à six heurs lepatron commence ses préparatifs, comme il le fait tout les jours, puis « chaque seconde marque un pur mouvement », à six heures et demie il faut réveiller le locataire… Mais, peu à peu les fantômes envahissent l’esprit du patron et le temps perd son pouvoir, d’ailleurs comme il était dit par le narrateur : « Bientôt le temps ne sera plus le maitre ». Et depuis qu’ « il fait assez jours »,personne ne parle plus de l’heure.
En effet, à six heurs du matin le soleil ne s’est pas levé encore et on verra plus tard que la véritable action se déroulera seulement quant il fera « assez jour », et pour l’instant l’auteur prépare son lecteur ; le narrateur omniscient nous donne l’information obscure sur le future : « Enveloppés de leur cerne d’erreur et de doute, les événements de cettejournée … vont dans quelques instants commencer leurs besogne … introduire… une courbure pour accomplir peu à peu leur œuvre » ; et à travers les réflexions du patron nous plongeons dans l’atmosphère du roman et apprenons quelques faits sur le passé et le présent.

B. Qui parle ?

Pour rendre les idées du patron le narrateur utilise le discours indirect libre qui alterne plusieurs foisavec la narration de sorte qu’on ne sait jamais parfaitement si c’est le narrateur ou le personnage qui parle. Par exemple quand Antoine entre dans le café : « Pas même un signe de tête en guise de réponse. Il n’est pas commode ce matin, le patron. Allons-y tout de même ». Pourtant les pensées sont précédés souvent par la description « en gros plan », comme dans le cinéma, ce qu’il me semble…