Représentations sociales de l’adolescence

Introduction :

Il s’agit d’un article de Pierre Dasen, professeur en anthropologie et psychologie interculturelle.
Cet article porte sur les représentations sociales de l’adolescence. Il convient donc, pour commencer, de définir d’une part les représentations sociales et d’autre part l’adolescence.
Introduit par E. Durkheim, le concept de représentations sociales pourrait se définir ainsi :« Nous avons toujours besoin de savoir à quoi nous en tenir avec le monde qui nous entoure. Il faut bien s’y ajuster, s’y conduire, le maîtriser physiquement et intellectuellement, identifier et résoudre les problèmes qu’il pose. C’est pourquoi nous fabriquons des représentations » (D. Jodelet Les représentations sociales, 1994). L’idée est que les représentations sont donc une construction,Denise Jodelet ajoute à cette première définition, une seconde : « La représentation sociale est une forme de connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble sociale. ». En se basant sur ses définitions, on peut dire des représentations sociales qu’elles sont d’abord une « forme de connaissance » c’est-à-direun savoir que nous construisons souvent en simplifiant la réalité afin de pouvoir s’ajuster au monde qui nous entoure plus facilement. De plus les représentations sociales sont « socialement élaborée et partagée », c’est-à-dire qu’elles sont dépendantes d’un certain groupe social et acceptées et utilisées par ce même groupe. Les représentations sociales sont donc des connaissances qu’un mêmegroupe, qu’une société peut avoir à propos d’un objet, objet qui dans notre article concerne la période de l’adolescence.
On peut donc passer à la définition de l’adolescence. Dans nos sociétés occidentales, l’adolescence est une période centrale dans la vie d’un individu. C’est une période de changement profond qui touche toutes les sphères de la vie d’un adolescent. C’est aussi le moment où il seconstruit à l’extérieur de sa famille, où il cherche de nouveaux repères, où il s’autonomise. Tout ceci ne se fait pas sans heurts, et il est communément partagé qu’il s’agit surtout d’une période de rébellion, d’opposition à l’autorité parentale et ce n’est pas pour rien que l’on nomme cette période : crise d’adolescence.
De cette définition de l’adolescence, l’auteur pose la question de savoirsi une telle description de l’adolescence est identique partout dans le monde ou s’il s’agit d’une spécificité des sociétés occidentales.
L’auteur précise qu’une « adolescence sociale existe dans chaque société humaine », mais cette adolescence sociale n’est pas la même partout. Ainsi on a différentes représentations sociales ou ce que l’auteur appelle aussi « éthnothéories » suivant les sociétés.Il est important de noter que ces représentations, interagissent avec « les pratiques éducatives » et le contexte. Ces interactions se font dans ce qu’on appelle « niche de développement » (Super et Harkness, 1986 et 1997). Il s’agit d’un concept anthropologique. L’environnement de développement est différencié selon les cultures. Ces différences concernent : le milieu, les pratiques éducativestraditionnelles et les représentations et croyances relatives à l’éducation.
Ainsi dans toutes cultures, on peut noter une division traditionnelle en classe d’âge (différent des stades) chaque période se caractérisant par une durée, un certain contexte, des attentes vis-à-vis des enfants ; on a une niche de développement pour chaque classe d’âge, au travers desquelles on a des acquisitionsimplicites (langage, marche …), des prises d’habitudes, des règles de vie…
Les représentations sociales de l’adolescence font donc partie de la culture en lien avec le contexte social, en particulier les changements sociaux, et affectent ainsi les pratiques éducatives et le comportement individuel.
L’auteur s’interroge alors plus précisément sur les représentations sociales de l’adolescence qui…