Reouven
lorsque, refusant toute autorité, il fugue pour la deuxième fois, du domicile familial de Charleville. A cette époque, il recopie 22 poèmes qu’il confie à Paul Demeny, poète également. Ce poème en fait partie, écrit pendant son errance, en octobre 1870, en pleine guerre franco-prussienne. Rimbaud s’est révolté contre la guerre dans certains de ses premiers poèmes : « Le Mal », « Les Corbeaux » et« Le Dormeur du Val ». Ce dernier poème publié en 1888 ne recourt pas au ton de l’indignation. Le poète feint de découvrir avec le lecteur, le spectacle de la mort. Si ce poème reprend la forme classique du sonnet, le thème choisi, le ton adopté et quelques audaces sur la forme annoncent déjà la poésie moderne.
Plan :
I. Un paysage idyllique…
A. Un paysage inondé de lumière
B. Cette natureest pleine de vie et de gaité
C. Cette nature met en éveil les sens
II. … Mais qui s’avère être le tombeau d’un jeune soldat
A. La caractérisation du personnage
B. Le constat tragique de la mort
C. Les indices qui nous annonçaient la chute finale
III. Une dénonciation de la guerre et de son absurdité
A. Un contraste saisissant
B. Une mort en pleine force de l’âge
C. La puissance de ladénonciation
I. Un paysage idyllique…
A. Un paysage inondé de lumière
Ce paysage est inondé de lumière, ce qui transparait à travers l’emploi des mots suivants : « argent », « soleil », « luit », « rayons ». La qualité particulière de la lumière est mise en relief par les rejets « luit » et « argent » aux vers 3 et 4. Cette lumière est démultipliée par le jeu de la réverbération des rayons dusoleil sur la rivière qui est mise en relief par la personnification « accrochant follement aux herbes des haillons] D’argent ». L’image est d’autant plus saisissante qu’elle est antithétique, évoquant la pauvreté par opposition à « argent ». Il y a donc une sorte de féérie du lieu qui changerait « la boue en or ». L’intensité de la lumière est aussi rendue sensible par la métaphore « la lumièrepleut » où les liquides (consonnes liquides comme le « l ») renforcent cette impression.
B. Cette nature est pleine de vie et de gaité
Cette nature est pleine de vie. En effet, elle régit des verbes d’action comme dans « chante une rivière », « le soleil luit », « le petit val qui mousse » et « la lumière pleut ». L’animation de la nature est mise en relief par sa personnification, lesenjambements et les rejets qui renforcent l’impression d’exubérance. Cette évocation de la Nature est également placée sous le signe de la gaité, ce qui transparait à travers l’emploi du verbe « chante[r] » et de l’adverbe « follement ».
C. Cette nature met en éveil les sens
Cette nature met en éveil les sens de façon tout à fait agréable. On note l’importance du champ lexical des couleurs : «verdure », « argent », « bleu » et « vert ». Les sensations olfactives sont elles aussi éveillées : « les parfums ». On entend le bruit du cours d’eau : « où chante une rivière ». Du point de vue tactile se dégage une impression de fraîcheur : « la nuque baignant dans le frais cresson bleu ». Se dégage de ce paysage un sentiment de bien-être, de bonheur. Il s’agit d’un endroit idyllique. Ladescription du val est méliorative, ce qui est mis en relief par l’intensité de la lumière, la vie, les sensations agréables qu’il provoque. Ce poème s’inscrit dans la tradition de la poésie bucolique (en rapport à la Nature).
II. … Mais qui s’avère être le tombeau d’un jeune soldat
A. La caractérisation du personnage
Le personnage, qui n’est évoqué qu’à partir du deuxième quatrain, et qui apparaitdans ce cadre enchanteur, est un soldat. On sait peu de choses sur lui, excepté le fait qu’il soit jeune. Il semble être assoupi, faire une sieste, ce que souligne la répétition du verbe « dormir » aux vers 7 (« Dort ;»), 9 (« il dort ») et 13 (« il dort ») et l’expression « il fait un somme ». On notera que le poète insiste sur ce fait par l’emploi du rejet au vers 7 (« Dort ; »).
B. Le…