Présentation du livre de christophe dejours – l’évaluation du travail à l’épreuve du réel

janvier 2, 2019 Non Par admin

Présentation du livre de Christophe Dejours – L’évaluation du travail à l’épreuve du réel

Christophe Dejours est docteur en médecine et psychanaliste de formation. Il nous livre ses réflexions autour de l’évaluation du travail, qui sont le fruit de nombreuses enquêtes et recherches menées dans différents contextes de travail.
Il occupe actuellement le poste de directeur du laboratoire depsychologie du travail et de l’action du CNAM (conservatoire national des arts et métiers)

L’évaluation : une problématique hésitante.

L’apparition des nouvelles technologies dans les années 70 pousse à repenser les modalités d’évaluation, car la part de travail intellectuel prend plus l’importance tout en se dérobant à l’observation directe.

C Dejours nous donne dans un premier temps unaperçu de l’expérience du travail afin de mieux saisir les difficultés de l’évaluation.

Le travail est selon lui un acte orienté vers un objectif de production matériel et ou intellectuel.

Le travail réel révèle un décalage entre le prescrit et la réalité. Travailler consiste à créer une nouvelle façon de combler ce décalage et de passer par des chemins qui s’écartent des prescriptions.Ceci peut être évalué de façon positive et qualifié d’esprit d’initiative / d’innovation ou perçu de façon négative, comme une infraction aux procédures.

Il devient alors difficile de travailler convenablement et cet écart entre le prescrit et la réalité peu mener à une situation paradoxale : il faut se mettre en infraction pour bien faire
Un exemple donné pour illustrer ce propos est celui del’administration des impôts ou les inspecteurs sont amenés à tricher pour faire rentrer de l’argent, car les lois mises en place gênent la lutte contre la fraude fiscale.

C Dejours insiste sur cet aspect de « tricherie » inhérente au travail pour 2 raisons :

– si les travailleurs arrêtaient de se mettre en infraction, ils mettraient en panne l’atelier, l’administration, l’entreprise oul’Etat
– cette contradiction nécessite de travailler à l’abri du regard de la hiérarchie ou en bonne intelligence avec celle-ci, tout en restant discret.

L’essentiel du travail ne se voit donc pas et ne s’observe pas : il est difficile d’évaluer un travail peu visible.

4 autres contraintes viennent s’ajouter au manque de visibilité du travail effectif

– Les enjeux stratégiquesL’analyse stratégique de Michel Crozier à montré l’intérêt pour l’acteur de garder secret ses compétences dans les jeux de négociations du pouvoir afin de légitimer son poste.
Cette part de travail ne peut être explorée par les évaluateurs.

– Le déficit sémiotique

Mis en évidence par les travaux de Josiane Boutet et de Patrick Fiala.
Le savoir faire clandestin n’est pas correctement décrit parmanque de mots et conduit à une évaluation déficitaire du travail, du à la difficulté de parler de cette activité cachée.

– Description subjective du travail et du savoir faire corporel

L’Intelligence développée par le travail est en avance sur sa connaissance et sa symbolisation et complexe à décrire. Les travaux de Daniellou et d’Yves Clot ont aidé à mieux expliciter ce savoir faire.- Stratégies de défense contre la souffrance

Les souffrances occasionnées par le travail entrainent un affaiblissement de la capacité de penser et de travailler.

Rendre visible l’invisible ?

– L’arène dramaturgique

A défaut de pouvoir aisément rendre visible ce qui ne se voit pas de son « travailler », échappant ainsi à une évaluation objective, les travailleurs peuvent parfoisse mettre en scène afin de le rendre intelligible à l’observateur (Cf Nicolas Dodier). Cette analyse reste insuffisante.

– L’invisibilité du travail des femmes

En plus d’une division sociale des tâches, aux hommes les plus valorisantes et aux femmes les plus « discrètes », ces dernières subissent la « naturalisation des compétences féminines » (Cf Danièle Kergoat). En effet, la…