Poéme
L’espace clos dans la poésie de
Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé
Lector dr. Manuela-Delia SUCIU
Universitatea « Babes-Bolyai » Cluj-Napoca
By associating the literary process with the notion of representation, the Poet devises an imaginary world, using his fantasy and creative imagination to conjure up substitutes for ordinariness of reality. Studying space means not only analyzing it, butestablishing a connection between space and ourselves and such a manner that the space constructed by the imaginative consciousness becomes a subject for the perception. It is along these lines that we take our scientific approach, while examining, at the same time, the way in which poetic language acquires its suggestiveness beyond the referential function, an aspect that marks the beginning ofmodernism.
En somme, l’espace n’est jamais que le reflet, le produit d’une expérience individuelle et, dans bien des cas, d’une tentative d’agir sur le monde.
La littérature du XIXe siècle s’intéresse beaucoup au thème de l’espace, tout en en faisant l’expression de l’expérience moderne de la perception spatiale ; entre l’homme et l’espace des relations multiples se nouent, de sorte qu’uneinterdépendance s’institue entre eux. Cette relation qui s’établit entre l’homme et l’espace n’est plus seulement une relation profonde et intime, elle est même osmotique : l’espace n’existe que dans et par notre être. La perception directe que nous avons de l’espace est avant tout une perception sensorielle et tout être humain est capable de saisir l’espace et d’en déchiffrer les sens, pratiquantune structuration propre, ou même une déstructuration. L’espace devient un amalgame d’éléments qui seront arrangés et combinés de façon personnelle, suivant la logique individuelle et répondant à la structure intime du lecteur : le résultat en sera un univers unificateur, fruit de l’imagination créatrice, et qui pourra être saisi par nos sensations. La représentation de la spatialité est en faitl’appréhension sensorielle que l’être humain a de l’espace : les deux, dedans du percevant et dehors du perçu, se trouvent confondus pour en faire générer un espace nouveau, original, ouvert à toutes les interprétations.
Notre réflexion sur ce thème s’appuie sur le principe que dans la littérature, tout comme dans la philosophie, tout objet ne prend forme et dimension, que par le pouvoir du sujetparlant, qui investit l’objet de sa personnalité.
Maurice Blanchot considère que lorsqu’on parle d’espace, on s’oriente vers l’homme, et le critique confirme que l’œuvre, en général, est l’expression d’une expérience dont l’homme a été sujet :
L’œuvre est œuvre seulement quand elle devient l’intimité ouverte de quelqu’un qui l’écrit et de quelqu’un qui la lit, l’espace violemment déployépar la constatation mutuelle du pouvoir de dire et du pouvoir d’entendre.
Georges Poulet, en revanche, saisit les rapports réciproques qui s’instituent entre l’individu et son espace, l’un réclamant la présence de l’autre :
Tantôt il semble que le lieu ait si bien besoin d’un être, qu’il est prêt à l’engendrer, à le tirer de sa propre substance, par un acte créateur identique à celui parlequel émanent de lui fleurs, arbres…Tantôt, au contraire, c’est l’objet humain qui semble avoir besoin de se compléter ou de s’élargir en devenant le point central d’une réalité géographique …
Dans ce processus, le rôle de l’imagination créatrice est déterminant, car elle augmente les valeurs de la réalité et découpe dans l’espace des lieux bien délimités, qui révèlent leur importance dès que laconscience poétique génératrice les perçoit : ces espaces ainsi découpés et délimités ont chacun sa réalité sensible, définie par des caractéristiques concrètes, mais ils acquièrent graduellement des valeurs symboliques qui en font un univers à part. Saisi par l’imagination du Poète, l’espace se trouve investi de sa subjectivité, de sorte qu’on ne peut plus parler d’un seul espace, car il y…