Liberte

décembre 23, 2018 Non Par admin

La misère de l’Afrique
L’étude des textes de Kourouma s’intègre particulièrement bien à une séquence consacrée à l’argumentation : les stratégies discursives, les pouvoirs et abus de la parole, les rapports complexes de l’histoire officielle – écrite par les vainqueurs – à son ombre officieuse sont particulièrement bien analysés dans ses romans.
Kourouma est l’écrivain de la mise à distance,qui réfute les évidences, grâce à l’ironie. Il peut s’étudier, sous cet angle, dans la lignée des écrivains des lumières (cf. groupement de textes).
Les thèmes qui prédominent dans le roman sont :
– la violence et l’humour : les faits racontés par Birahima dans le texte sont d’une violence extrême ; il peut être intéressant de les mettre en regard avec la façon dont ils sont justement relatés ens’appuyant sur une narration particulière, un vocabulaire peu ordinaire et un humour qui met à distance. Le thème de la violence – envers les enfants et plus largement les plus faibles – peut également être étudié seul) ;
– le rapport à la langue comme outil de maîtrise et de domination ;
– la géopolitique et les rapports Nord/Sud ;
– la figure du «narrateur-enfant» est également intéressante ets’intègre bien à une séquence sur les stratégies argumentatives. Un groupement de textes sur l’enfant-soldat ou l’enfant dans la guerre est également envisageable (cf. le dossier sur Reine Pokou de Véronique Tadjo de la collection « Parcours littéraires francophones » pour approfondir ces thématiques). « Ahmadou Kourouma raconte », entretien avec Jacqueline Sorel, CLEF/RFI. Ces entretiens vont êtreréédités par Frémeaux et associés, RFI et Cultures france. Des extraits sont disponibles sur le CD anniversaire de la revue Cultures Sud (anciennement Notre Librairie).
Extraits du livre
Ahmadou Kourouma
Ahmadou Kourouma est né en 1927 dans le Nord de la Côte d’Ivoire, à Boudiali. Il a été élevé chez son oncle. De 1950 à 1954, il a été volontaire dans l’armée française en Indochine. A sonretour en Afrique, on lui proposa d’étudier les maths en France pour devenir ingénieur électrique. Après, Ahmadou a été dans une école aéronautique et navale à Nantes, puis, à Lyon pour se préparer à la carrière d’actuaire. En 1960, la Côte d’Ivoire obtient son indépendance. Donc il est retourné dans son pays. Mais quand il a remarqué qu’il y avait un dictateur au pouvoir, il a de nouveau quitté sonpays. Ahmadou Kourouma est allé en Algérie où il est devenu écrivain.
Ahmadou Kourouma fait partie des premiers hommes qui se sont révoltés contre les dictateurs. Cet écrivain contemporain est considéré comme l’un des écrivains les plus importants du continent africain. Il est très engagé et il aime dérouter les lecteurs. Il révèle l’envers de l’histoire contemporaine. Son premier roman « LesSoleils des indépendances » (1968) a été publié en France en 1970. Ce fut un grand succès. Pour ce roman, il a reçu trois prix. Et pour son nouveau roman « Allah n’est pas obligé », Ahmadou Kourouma a obtenu le prix Renaudot 2000 (le prix le plus important en France) et le prix Goncourt des lycéens.
La sorcellerie
En Afrique noire, on croit aux sorcières. Elles sont une projection du mal, lecontraire des désirs et des représentations des autres. Toutes les sorcières ne respectent pas les coutumes (par exemple elles dansent nues). On dit que les sorcières mangent les âmes des morts pour augmenter leur pouvoir. Elles vagabondent dans la nuit et elles se transforment en animaux. Avec une haine et une jalousie exacerbées, les sorcières poussent des substances inconnues dans les corps de leursvictimes.
Les accusations de sorcellerie ne sont pas le fruit du hasard. Les femmes qui ont le même mari accusent l’autre d’être une sorcière parce qu’elles veulent le mari toute seule. Aussi quand on a beaucoup de malchance, on rejette la faute sur quelqu’un d’autre. On se cherche une sorcière. Presque toujours, les gens qui sont bannis du village accusent une personne du village de…