L’amour-propre

septembre 16, 2018 Non Par admin

Qui n’a jamais porté de jugements sur une personne ? Sur ses défauts, les plus flagrants comme les moins évidents. Qui n’a jamais critiqué la vanité d’un tiers, ou l’égoïsme d’un proche ? Ce que l’ona tendance à cacher, en revanche, c’est que ces critiques que l’on adresse, ces défauts que l’on trouve, sont souvent les nôtres. C’est ce que veut dire Chaponnière dans la phrase : « Il nous plaîtde chercher en autrui ce qu’il nous déplaît de trouver en nous. » Cela signifie que les défauts qui nous sautent aux yeux chez une personne sont probablement nos propres défauts que l’on voit, comme unmiroir, chez celui que l’on observe. En regard de cela, on peut se demander si la possibilité de reconnaître nos défauts, puis de les changer, existe.

Lorsqu’on attribue un défaut qui nous sembleévident à quelqu’un, on ne se rend pas toujours compte qu’il s’agit de notre propre vice que nous projetons sur autrui. Les gens que nous jugeons sont des miroirs qui nous renvoient nos défauts, ce quenous avons tendance à ignorer. En réalité, lorsqu’on parle des défauts d’autrui, on révèle du même coup les nôtres. Ainsi, dans « Sa Majesté des Mouches », de William Golding, le petit Porcinet estraillé par les autres enfants. Ralph et Jack, plus d’une fois, le traitent de trouillard. Mais en réalité, ce qu’ils n’osent avouer, c’est qu’eux aussi ont peur. Alors ils projettent leur peur refouléesur Porcinet. C’est ainsi que fonctionnent les êtres humains. La capacité que nous avons à trouver les défauts d’autrui nous fait croire que nous ne sommes pas concernés ; puisque nous les avonstrouvés, c’est donc que nous ne pouvons pas les posséder ! Ainsi, dans le livre de Golding, tous les enfants voient Ralph et Jack comme leurs sauveurs, et Porcinet comme un poltron, alors que tous sontaussi terrorisés les uns que les autres. Mais en projetant leurs craintes sur Porcinet, les deux enfants ont réussi à faire croire, même à eux-mêmes, qu’ils ne sont pas des trouillards. Ainsi…