Introduction
L’expression « tu dois » se présente généralement comme une injonction, orientant mon choix ou mes actions selon un idéal moral ou des valeurs morales à l’instar des parentsdisant « tu dois » à leur enfant, un professeur disant « tu dois » à un élève. Or qui peut m’adresser une telle injonction?
Les devoirs, entendus comme obligations, sont unique à lasituation de chacun, revenant aux responsabilités avec qui nous sommes liés. De ce point de vue, est autorisé à me dire « tu dois » notre supérieur hiérarchique, relatif à mafonction. C’est donc toujours moi qui autorise qu’on me dise mes devoirs. En revanche, ces devoirs peuvent, par exemple, renvoyer à la prudence, n’est ni un devoir moral ni civique.
Êtreautorisé signifie généralement avoir la permission. On peut donner un autre sens à la question posée : « qui » possède l’autorité qui lui permet, l’autorise, à me dire « tu dois »? Exemple avec le tutoiement (proches) et le vouvoiement (président, mairie, police etc). Si le devoir, en tant qu’obligation morale, est interne, qui, en excepté moi, estautorisé à me dire « tu dois » ? Si je suis le seul à décider de ce que je dois faire, est-ce que je ne risque pas de faire une erreur de jugement ? Est-ce que je suis capable dedistinguer seul ce qui est moral et à agir en conséquence?
Quelle est l’origine et quel serait le pouvoir du « tu dois »? Si une tierce personne peut me dire « tu dois », celan’impliquerait-il pas que notre sentiment moral n’est pas inné et s’absente de nos actions? L’enjeu est de s’interroger ici sur la morale accompagnant nos faits et gestes. Alors s’il existeun devoir qui me dépasse, qui ou quoi le fonde ? Dans la mesure où le devoir ne peut me contraindre, n’est-ce pas toujours moi qui autorise ? Comment peut-il s’imposer à tous ?