Gestion du changement
La gestion du changement stratégique dans les organisations des secteurs public et parapublic : le point de vue des praticiens
Propos recueillis et commentés par : Réal Jacob, professeur, directeur, Valorisation, transfert aux entreprises et formation des cadres, HEC Montréal • [email protected] Alain Rondeau, professeur, directeur du Centre d’études en transformation des organisations (CETO),HEC Montréal • [email protected] et François Normandin, attaché de recherche au CETO • [email protected]
Lorsqu’on s’intéresse au domaine de l’intervention en contexte organisationnel, nombreux sont ceux qui ont tendance à opposer le monde des chercheurs universitaires à celui des praticiens. Dans un article ayant pour titre Le schisme entre les perspectives normative et universitairedu changement organisationnel, Miller et ses collègues montrent que cet écart entre la pratique et la recherche trouve sa source d’abord et avant tout dans les paradigmes sur lesquels s’appuie la réflexion des uns et des autres (Miller, Greenwood et Hinings, 1999). Alors que la pensée des praticiens est ancrée dans l’action, celle des chercheurs est d’abord orientée vers une perspective decompréhension du phénomène.
Or, que l’on soit gestionnaire ou universitaire, pour progresser dans la connaissance des phénomènes organisationnels complexes, il faut apprendre à s’ouvrir à des paradigmes différents de ceux qui influencent nos manières de penser et d’agir. Une organisation peut être appréhendée selon différentes perspectives (systémique, culturelle, politique…) et selon diverses visées(normative, descriptive, compréhensive…). Ainsi, pour compléter la réflexion amorcée dans le présent numéro, il devient essentiel que le monde académique « rencontre » celui des praticiens
et vice versa. Le Centre d’études en transformation des organisations de HEC Montréal, maître d’œuvre de ce numéro consacré à la gestion du changement stratégique dans les organisations complexes, a résolumentchoisi de positionner son action de recherche et d’intervention en accentuant l’importance de cette rencontre entre les deux mondes évoqués ici. Dans cette perspective, à la suite des sept textes didactiques, ce numéro donne la parole à trois praticiens de haut niveau qui doivent prendre des décisions majeures d’orientation et de pilotage de changements stratégiques complexes dans les secteurspublic et parapublic du Québec. Ces trois répondants ont deux grandes caractéristiques en commun. D’une part, lorsqu’ils ont fait face à des décisions stratégiques dans le domaine du changement, chacun, à sa manière, a été à l’écoute de la recherche universitaire. D’autre part, ils ont toujours été proactifs en proposant leur organisation comme terrain d’observation afin de favoriser tant unapprentissage organisationnel qu’une contribution citoyenne en vue de faire progresser la réflexion et la pensée universitaire en gestion des organisations. À la fois en prise directe avec les réalités de leurs organisations et avec les sujets auxquels on réfléchit dans les universités, le docteur Luc Boileau1, présidentdirecteur général de l’Agence de la santé et des services
1
En plus de sesétudes médicales orientées vers le domaine de la santé publique, Luc Boileau est titulaire d’une maîtrise en administration de la santé de l’Université de Montréal et d’un fellowship de la Fondation canadienne de recherche sur les services de santé. Après avoir occupé plusieurs postes de gestion dans le secteur hospitalier, il s’est vu confier en 2004 la présidence de l’Agence de la santé et desservices sociaux de la Montérégie. Le docteur Boileau est également professeur aux facultés de médecine des universités de Sherbrooke et de Montréal.
107
sociaux de la Montérégie, Pierre Rhéaume2, viceprésident, services à la clientèle à la Régie des rentes du Québec et Pierre Roy3, président-directeur général de Services Québec, nous livrent leurs observations relatives à de nombreuses…