Géopolitique internet

décembre 13, 2018 Non Par admin

I – Vision géopolitique de l’internet et des réseaux

A. Géopolitique de l’internet : synthèse des rivalités de pouvoir
Solveig Godeluck est une journaliste indépendante. Son ouvrage, « La géopolitique d’internet », est une enquête publiée en 2002 aux éditions La Découverte. L’objectif de ce livre étant de convaincre que la démocratie de demain s’édifie dès aujourd’hui dans le virtuel. »Même si aujourd’hui l’importance géopolitique de l’internet semble se révélé au grand public (les Anonymous, affaire wikileaks,…), en 2002, son livre était plutôt audacieux.
Le cyberespace a beau être un espace virtuel, il ne s’en trouve pas moins, comme tout territoire, au centre de conflits majeurs entre des acteurs qui mettent en oeuvre à son sujet des stratégies de prise de contrôle qui ne sontpas sans ressemblance avec ce qui se déroule dans l’espace physique.
La grande majorité des ouvrages sur l’histoire ou les problématiques relatives à Internet s’appuient sur une approche unilatérale : strictement économique la plupart du temps, mais aussi politique, ou sociologique selon la formation de celui qui l’écrit. Dans son ouvrage, Solveig Godeluck tente de dépasser la partialité de cespoints de vue, en s’appuyant sur une discipline relativement large qui s’appuie sur la plupart d’entre elles pour dégager les enjeux de pouvoir liés au contrôle territorial. Dans ces conditions, et étant donné la nature particulière du « territoire » Internet, l’application de la géopolitique soulève un certain nombre de questions.
Un des grands mérites du livre de Solveig Godeluck est de validerson postulat : oui, Internet est au centre d’enjeux « géopolitiques » ; et ce pour plusieurs raisons : d’abord, parce que sous l’espace virtuel, on ne peut ignorer la réalité physique des infrastructures qui le font exister. Le développement des réseaux, leur configuration, la nature et la nationalité des opérateurs économiques qui supportent les frais d’investissement, celles des fournisseurs dematériels, tout cela ne peut être ignoré ; et ce d’autant moins que la structuration physique des réseaux et leur répartition sur la surface de la planète trouvent leur miroir exact dans la structuration et la répartition des flux de données qui signalent les usages. Ensuite, il existe bien une « géopolitique » d’Internet dans la mesure où les acteurs qui s’affrontent dans l’arène sont les mêmesque ceux que l’on retrouve dans nombre de conflits de même nature ailleurs : acteurs étatiques d’une part, mais aussi économiques, et enfin les habitants eux-mêmes de ce territoire, non pas simplement les usagers, mais surtout les plus actifs d’entre eux, qui se considèrent comme les citoyens d’un nouveau monde.

Avec ses infrastructures, ses cables, ses centraux et changeurs téléphonique,Internet est donc un cyberespace virtuel ancré dans le réel, et s’analyse en fonction des liaisons dynamiques qui s’établissent entre les internautes, entre les sites et entre les machines. Les conflits qui s’y déploient ont des conséquences sociales, économiques et politiques bien réelles.
Alors comment peut-on analyser les rivalités de pouvoir dans un espace virtuel ? Il est impossible d’examinerséparément les espaces réels et virtuels que constitue le réseau.
Le livre tente une synthèse des rivalités de pouvoir qui s’articulent dans le réseau. La première partie du livre nous plonge dans l’histoire du réseau, il souligne l’architecture moins décentralisée qu’il n’en paraît, pour comprendre l’influence des Etats-Unis sur ce réseau. Le pouvoir se repartit entre une typologie de 3 acteurs,régulateurs, marchands et colons et un dernier qui traverse les 3 acteurs, le « technopouvoir ». La deuxième partie développe les jeux d’acteurs et les revendications antagonistes qui se confrontent sur la propriété des biens collectifs, la sécurité ou la liberté d’expression. Ces conflits restent en suspens car les problèmes politiques ne se règlent jamais, il faut sans cesse en débattre. Et…