Finance islamique
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion DAKAR
POLITIQUE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT
Par
Professeur Moustapha Kassé
2007/2008
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INTRODUCTION
Au moment des indépendances africaines, la stratégie de développement appliquée en Afrique visait notamment à transformer profondément le système productif et l’appareil administratif. Cette stratégie avaitalors conduit à la mise en place, au plan de l’équipement et de l’infrastructure sociale, de politiques coûteuses d’investissement qui se sont révélées, par la suite, massifs, peu réalistes et d’une faible efficacité. Dans le même temps, la grave rupture survenue entre les structures de production – alimentaires en l’occurrence – et les structures de consommation, a fondamentalement contribué àopérer une double extraversion : celle de la production et celle de la consommation. Il en est résulté un approfondissement du déséquilibre entre la production intérieure et la demande globale au sein de laquelle prédominait une consommation finale excessive et, conséquemment, un accroissement du déficit en ressources. Celui-ci sera artificiellement entretenu et financé par l’aide publique etl’endettement extérieur. Le boom pétrolier avait favorisé des emprunts publics à des taux relativement faibles. A la faveur de l’augmentation de la dette publique des Etats dans les années 1980, les marchés financiers sont arrivés aux commandes. Cela s’est traduit par une augmentation des taux d’intérêt, dont le niveau a dépassé non seulement l’inflation, mais la croissance. Les Etats qui avaient un fortniveau d’endettement sans être producteurs de pétrole ont alors eu de plus en plus de mal à clore leurs exercices budgétaires. Il a fallu emprunter, pour rembourser les emprunts passés, à des taux qui promettaient d’engendrer de nouvelles difficultés. Faute de remèdes radicaux, cette situation vouait irrémédiablement le pays à la faillite. S’y ajoutait dans le cas du Sénégal, une énorme distorsionentre l’affectation théorique et l’utilisation effective de la dette extérieure qui n’a pas favorisé la création de conditions adéquates d’extorsion de surplus nécessaires à l’amortissement régulier du service de la dette (principal et intérêts échus). Assurément, cette situation risquait de constituer le fondement d’une crise de paiements dont la perpétuation, si rien n’était entrepris, pouvaitdéboucher sur une crise sérieuse de solvabilité. La cessation de paiements se traduirait alors par un retrait des financements extérieurs et un effondrement des importations qui aurait des incidences sur la production par le biais des nombreux secteurs qui recourent à des biens d’équipement importés. Ces difficultés n’ont pas été le propre du Sénégal, mais de la majorité des Etats qui avaient financéleur croissance sur l’endettement. Naturellement, elles ont été plus aiguës au Sud, mais les problèmes n’ont pas épargné le Nord, où l’Etat Providence a subi de nombreuses attaques, tandis que les politiques d’offre se sont partout substituées à la régulation par la demande. Cette montée des déséquilibres, de l’endettement et la stagnation de la production a rendu inéluctable les politiques destabilisation et l’ajustement structurel. Aussi a-t-elle fait durement ressentir ses conséquences, du fait de la compression drastique des dépenses en vue d’une réduction des créances futures. Le choix, à l’époque, n’était pas entre le refus d’une telle politique et son acceptation passive, mais entre la possibilité d’entrevoir, au prix de sacrifices, un avenir meilleur, et la certitude des’enfoncer dans la voie du déclin. La conjugaison de toutes ces situations a conduit progressivement tous les Etats africains à adopter des programmes de stabilisation et 2
d’ajustement et les mécanismes de gestion qui les accompagnent avec l’appui de la Banque mondiale et du FMI au détriment des stratégies planifiées de développement. A une politique volontariste orientée vers la modernisation…