Essai

août 25, 2018 Non Par admin

Il y avait tout ce monde. Ces gens que je ne connaissais pas, n’aimais pas. Pourtant, ils étaient là. Pour chacun de mes pas, ils m’accompagnaient, me guidaient. J’avais cette vague impression de vivre à travers eux. Qu’ils aient en tête l’idée que, sans eux, je n’étais rien. Alors j’étais partie. J’avais plaqué Paris et sa culture débordante. Ses rues des plus modernes au plus anciennes. Jevenais de quitter ma mère enceinte, la laissant seule se débrouiller avec mon père absent les trois quarts du temps. J’avais tout abandonné pour essayer de vivre, à nouveau. Différemment, cette fois-ci. Livrée à moi-même face aux obstacles de la vie. C’était ce que je désirais. Alors, j’étais partie. J’étais allée habiter chez ma tante, tout aussi absente que mon père. Par la même occasion, j’avais lachance de revoir mon petit frère, ou pas. Le revoir allait être douloureux. Ca allait réduire mon coeur à néant, ça oui. Mon petit frère. Même sang, même chair. Celui que j’idolâtrais tant. Que j’affectionnais tant. Que l’on s’enlève l’idée que je fuyais, alors.

Le temps des vacances d’été, voilà la période que je n’aimais point. Je tuais mon temps au travail. C’était l’arrangement que j’avaisconclu avec ma tante. Quelle tante, dois-je dire ! Je devais participer au frais pour vivre avec elle. Alors qu’elle n’était, soit dit en passant, jamais là. Contrairement à toute attente, je l’en remerciais d’être aussi stricte. Ma mère n’aurait jamais accepté que je travaille pendant les vacances d’été. Voyons, j’en suis trop incapable !

Ma mère… Ma pauvre mère qui est en cloque à quarantecinq ans ! Si vous saviez à quel point je peux l’aimer, malgré ses erreurs. Elle n’a jamais étè présente dans ma vie, seulement pour mes échecs. Toujours à me rabaisser. Ca c’était ma mère, belle, ridée, ignorante et totalement égoïste. Et il y avait mon père, aussi. Ou plutôt, un fantôme. Un coup de vent présent de temps à autres. Il était aussi égocentrique que ma mère, supérieur et écoeurent.C’était ça, mes parents !

Alors, j’étais fière de partir de Paris pour une ville du Sud de la France. Je n’aurais plus à supporter la vie déplorable et ennuyante que je menais dans la capitale, autrefois. J’allais pouvoir m’occuper de moi, et de mon frère. Ma tante étant tout le temps en déplacement, je serais seule avec mes pensées, mes doutes, mes peurs et mes envies. Libre avant ma majorité.Je serais enfin quelqu’un. Responsable, enfin. Un mot qui ne m’avait jamais effrayé. C’était en quelques sortes, mon rêve. Même si j’avais tout le confort possible avec mes parents, je voulais apprendre de la vie, et de moi-même. Pour moi, c’était ça, ce que j’appelais vivre.

Il y avait ce jour. Ce 21 juin 2009, jour de la fête de la musique. Je travaillais sous les rayons du soleilméditerranéen. Dans un bar, sur le port. C’était beau et éprouvant. La chaleur me fatiguait. Elle m’usait. C’était ma deuxième semaine ici. Je n’étais pas habituée. Il y avait ce dépaysement total. La grisaille maussade faisant place au soleil éclatant. Le centre-ville, laissant s’imposer les bistrots au bord du port. Les palmiers remplaçant les platanes. C’était changeant. Effrayant, par moment. Mais ici,l’ambiance était différente. Les gens parlaient entre eux, les jeunes se prélassaient au bord de la plage, profitant de l’été chaud qui s’annonçait. C’était simplement ma nouvelle vie.

Le soir, je l’attendais avec impatience. Trépignante d’excitation. J’ai toujours aimé la musique. C’était ma lubie, ça. Un rêve de gamine non exaucée. Etant plus jeune, j’aurais aimé apprendre à en jouer. Pouvoirconnaître quelques accords à la guitare, savoir jouer de la batterie pour pouvoir défouler mes nerfs, pouvoir laisser mes doigts glissaient sur les touches ivoires d’un piano, lors de mes moments de mélancolie. De ça, j’aurais aimé. Me sentir l’âme artistique. Sauf que je n’ai jamais essayé. Maintenant, je regrette.

Mais ce fameux 21 juin 2009, était différent. Je le sentais. J’humais…