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novembre 28, 2018 Non Par admin

Interpreter consiste à donner une signification claire à quelque chose qui est, à l’origine, ambiguë, obscure. L’astrologue va interpréter le mouvement des astres, le juge interprètera un texte de Loi, et l’acteur un rôle. Tout comme on peut interpréter un rêve, une poésie, une phrase, un silence même…On parle donc d’interprétation à propos d’objets très différents. Peut-on en conclure quel’homme peut tout interpréter. Face à cette diversité d’interprétations, on pourrait être tentés de penser que l’homme peut trouver du sens à tout ce qui l’entoure.
Cependant, si la définition de l’interprétation est de rendre claire une chose qui ne l’est pas ou de lui trouver un sens caché, nous pouvons également penser qu’il faille distinguer ce qui exige une interprétation de ce qui n’en exige pas.Dans cette optique, il serait légitime d’écarter de toute interprétation tout ce qui n’a aucun sens ou tout ce qui ne présente aucun doute. Est-il donc possible de trouver un sens à tout ? Est-ce que la totalité du réel- tout ce que nous percevons – est susceptible d’avoir un sens pour l’homme ?
Il est donc nécessaire dans un premier temps d’étudier l’idée qu’on ne pourrait pas tout interpréter,avant d’analyser une conception plus large de l’interprétation.

I – On ne pourrait pas tout interpréter

Pour soutenir cette thèse, nous allons distinguer ce qui est interprétable de ce qui est explicable, ce qui a un sens de ce qui n’a aucun sens, et enfin ce qui est immédiatement explicite avec ce qui ne l’est pas.

1 – Ce qui est interprétable et ce qui est explicable

Le réel nepeut-il pas être un ensemble de faits que l’on explique et non que l’on interprète ? La science en est le meilleur exemple puisqu’elle explique les faits et leurs rapports et ne se soucie pas de l’interprétation. Les scientifiques veulent comprendre certains mécanismes et les expliquer, sans chercher à leur donner un sens. La science produit donc des énoncés qui ont l’avantage de faire l’unanimitédans les esprits. A l’inverse, l’interprétation d’une chose peut être différente d’un individu à l’autre, puisque la subjectivité intervient.
Tout n’est donc pas interprétable si l’on considère que les procédures explicatives, à l’inverse des procédures compréhensives, donnent une importance centrale au constatable et échappent par là même au conflit des interprétations.

2 – Ce qui a un senset ce qui n’a aucun sens

Lorsque le sens va de soi, il est tentant d’en conclure qu’il n’y a pas de raison à l’interprétation. Il serait donc logique d’exclure du domaine de l’interprétation les signes univoques et les messages immédiatement compris. S’il n’y a pas d’ambiguïté, pourquoi recourir à l’interprétation ? Les signes mathématiques par exemple ne nécessitent aucune interprétation. SelonRicoeur, « il y a des expressions qui sont immédiatement claires, univoques, et des expressions qui sont plus complexes. Ce sont ces dernières qui laissent la place à l’interprétation… »
On pourrait penser également que toute chose immédiatement explicite ne peut être interprétée. Quand une chose est comprise sur l’instant, elle n’aurait ainsi pas besoin d’être interprétée pour avoir un senspuisqu’elle l’a déjà.

De même, les discours ou les événements qui n’ont aucun sens ne pourraient pas être interprétés. Peut-on interpréter le discours d’un homme atteint de folie ? Pour pouvoir interpréter, on suppose donc que le discours doit être interprétable, c’est-à-dire avoir un sens.

Mais nous allons voir que la question de l’interprétation est plus complexe qu’il n’y paraît, et quel’interprétation peut revêtir une conception plus large.

II – Une conception plus large de l’interprétation : tout peut être interprété

Pour soutenir cette conception, nous allons développer la pensée de Nietzsche qui pense que tout peut être interprété, avant de revenir sur la nature même de l’individu qui le supposerait être capable d’interpréter toute ce qui l’entoure.

1 –…