Cours de droit
Qu’est-ce que la sociologie politique ? 7
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1. La notion de politique
I. Le politique n’est pas l’Etat
II. Le politique n’est pas le pouvoir
III. Pourquoi définir le politique ?
2. L’analyse sociologique du systeme politique
I. L’unite de la société globale
II. L’unité de la démarche sociologique
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Lasociologie politique est la fille incestueuse de l’histoire et du droit. Cette origine malheureuse la marque encore profondément et entrave son développement. La double tradition, historique et juridique, domine toujours notre discipline et empêche de la rattacher à la sociologie, où elle trouve pourtant sa place naturelle.
L’analyse des faits politiques a d’abord été menée dans uneperspective historique. Et plus précisément dans le cadre de la petite histoire, celle des grands hommes. L’histoire anecdotique, événementielle, a persisté dans le domaine politique bien après qu’elle fut abandonnée par les historiens eux-mêmes. L’école des Annales de Marc Bloch et de Lucien Febvre s’est imposée depuis les années 1930 à la Sorbonne. La vision globale des phénomènes historiques, rattachésà leur contexte géographique, économique et social, a réduit la narration des batailles et des crises à leur juste mesure. Mais cet effort considérable de l’école historique française est resté longtemps cantonné aux facultés de lettres. Ailleurs, on enseignait toujours l’événement politique, détaché de ses fondements. Et encore, lorsqu’on l’enseignait !
Car la science politique n’étaitrattachée à aucun cadre institutionnel. L’École libre des sciences politiques, rue Saint-Guillaume, étudiait les phénomènes politiques. Le pluriel « sciences politiques » était cependant révélateur. La politique était le carrefour d’un ensemble de disciplines diverses qui y étaient enseignées :histoire politique et diplomatique, géographie humaine, droit constitutionnel, etc. Les Instituts d’étudespolitiques et la Fondation nationale des sciences politiques, qui en ont pris le relais après 1945, sont restés fidèles à cette vision pluraliste : les sciences politiques additionnées permettent seules l’appréhension de la politique. Quant à la sociologie, dernière venue des sciences humaines, elle ne se préoccupait guère des phénomènes politiques. Cherchant à se définir, elle hésitait entre uneconception totalisante des phénomènes sociaux, illustrée par les travaux d’un Gurvitch, et l’éparpillement en disciplines techniques limitées à l’étude de groupes particuliers ou restreints : sociologie de la famille, de la religion, du monde rural.
Ce sont les facultés de droit qui, les premières, ont offert une place à l’enseignement de la sociologie politique. L’enseignement du droit public,et particulièrement du droit constitutionnel, se concevait mal s’il restait détaché de la vie politique. Deux grands publicistes, qui dominèrent la discipline du droit public au début de ce siècle, avaient été impressionnés par la richesse virtuelle de la contribution de la sociologie au droit public. Léon Duguit, disciple de Durkheim et de Lucien Lévy-Bruhl, en reprit les enseignementsessentiels. Maurice Hauriou, influencé par Tarde et par Bergson, fit de son côté la part de la sociologie dans son oeuvre. Georges Scelle, Gabriel Lebras, Henri Lévy-Bruhl continuèrent cette tradition.
Entre-temps, la science politique était développée aux Etats-Unis, soit dans les départements de sociologie, soit dans les départements de » gouvernement » des universités américaines. MauriceDuverger importa cet acquis scientifique en France et appliqua aux Partis politiques (1951) les méthodes d’analyse dégagées aux Etats-Unis. La conception de l’enseignement du droit constitutionnel allait se transformer par cet apport. La description des mécanismes institutionnels était désormais complétée par celle des partis politiques et des groupes de pression qui les animaient.
Placée sous…