Chopin
Identité de Chopin[modifier]La question du pays, de la patrie ou de la nationalité de Chopin a fait, au cours de l’histoire, l’objet d’un débat parfois passionné[3]. La période des XIXe siècle et XXe siècle est marquée par le nationalisme dans toute l’Europe[4] et particulièrement en Pologne[5]; Chopin est une figure qui n’est pas négligée. La Pologne en tant que pays disparaît avant la naissancede Chopin[6]. Si ce contexte historique difficile pour la Pologne ne favorise pas une nationalité polonaise, il développe le patriotisme chez de nombreux ressortissants, dont Chopin. Pour cette raison, les biographes parlent moins de nationalité et plus d’identité.
Identité polonaise[modifier]
Tombe de ses parents au Cimetière de Pow?zki à VarsovieDe son vivant, que Chopin soit polonais estun fait incontestable ; non seulement pour le musicien[7], mais aussi pour son entourage. Ses compatriotes parlent de lui comme du compositeur national polonais[8]. Ces amis internationaux agissent de même. Balzac écrit à propos de Liszt et de Chopin : « Le hongrois est un démon, le polonais un ange »[9], Liszt parle de l’« artiste polonais »[10]. Chopin a passé les vingt premières années de savie en Pologne. A son époque, cet élément est suffisant pour lui assurer une identité polonaise[11], quitter la Pologne à l’âge de 20 ans et ne plus jamais y retourner ne modifie pas la donne.
Cependant, cette identité n’est pas uniquement la conséquence d’une jeunesse en Pologne et d’une convention sociale. Non seulement « Chopin, en Pologne s’est construit polonais »[12], mais le musicienrevendique fréquemment son allégeance à ce pays. En 1830, la Pologne est envahie par la Russie, qui mène une politique de répression et de russification du pays. Cette oppression est ressentie par le musicien, comme : « la pathétique signification d’un tourment inguérissable et d’une blessure à jamais ouverte »[13].
Ce patriotisme douloureux chez Chopin se traduit dans sa musique[14]. Si cettedimension d’exilé du musicien sarmate[15], fréquemment narrée par les biographes du passé, est reprise par les musicologues contemporains, elle est néanmoins interprétée différemment. Pour Eigeldinger, elle est maintenant comprise comme une nostalgie typiquement slave, une sensibilité culturelle, qui dépasse la contingence politique[16]. Pour Liszt, Chopin : « pourra être rangé au nombre des premiersmusiciens qui aient aussi individualisé en eux le sens poétique d’une nation »[17].
France, terre d’élection[modifier]Si l’identité polonaise de Chopin n’est jamais niée[18], la relation entre la France et Chopin n’en est pas pour autant négligeable. Un argument avancé est l’origine lorraine de son père, ce qui, aux yeux de la loi lui confère la nationalité française[19]. Il n’en reste pasmoins vrai que le pays natal du musicien, en termes de culture ou de sensibilité, est la Pologne[20].
À l’age de 20 ans, Chopin quitte définitivement la Pologne. Il s’installe à Paris en 1831 et y passe près de la moitié de sa vie. Cette ville est, à cette époque, l’une des plus importantes capitales culturelles. Le musicien y noue ses amours et ses amitiés les plus importantes : Sand, Delacroix,Liszt ou Pleyel. Il y rencontre tout le Paris artistique : Balzac, Berlioz, Thalberg, Kalkbrenner, Erard, Heine ainsi que l’aristocratie[21]. L’univers artistique et culturel dans lequel le compositeur a produit l’essentiel de son œuvre[22] n’est pas la Pologne, mais la France.
Son influence est particulièrement marquée en France. Pour le musicologue Eigeldinger[23] l’allégeance de Debussy, visà vis du Maître polonais est patente. Cette influence, aussi présente chez Ravel ou Fauré, ne se limite pas à la musique : « Par là le musicien anticipe le principe verlainien : « Rien de plus cher que la chanson grise / Où l’indécis au précis se joint [24] ». Son impressionnisme musical se retrouve en peinture : « … en vue de produire un poudroiement sonore assez analogue à certains effets…