Candide chapitre 19
Candide. Chap 19
Intro :
Il s’agit d’un épisode qui n’était pas dans la première version du livre. Voltaire la rajouté par la suite lorsqu’il a prit conscience de l’esclavage. Cet épisode possède une vérité historique et économique : le commerce triangulaire et le besoins pressant de main d’œuvre que l’église acceptait et justifiait. Cet épisode raconte la rencontre entre Candide et un noirau sortir de L’Eldorado : c’est un choc brutal pour Candide et ce la va bouleverser son optimisme.
I- Un récit stylisé
a / des personnages aux traits marqués
– Vanderdendur : esclavagiste blanc dit « fameux » par le noir qui le dénigre implicitement : il est célèbre par les horribles traitements qu’il inflige aux esclaves. Il possède un nom de famille caricatural : un nom àconsonance Hollandaise qui peut se décomposer ainsi « vendeur à la dent dure » : cela souligne sa cruauté.
– Le noir : description de la misère totale (mutilé, à moitié nu) idée de débris humain « étendu par terre »
– D’un coté le cruel bourreau et de l’autre coté la pauvre victime : Voltaire a fortement stylisé les personnages pour montrer deux camps indissociables de la sociétéesclavagiste
b/ une nouvelle étape dans l’apprentissage du héros
– La ponctuation trahit les sentiments du personnage : nombreux points « ? et ! » : Candide est choqué et s’interroge
– Candide appel le noir « mon ami » : Candide prend pitié de l’esclave et le plaint
– Au début du texte, on a la locution « dit Candide » et à la fin du passage on a « s’écria Candide » et« versait des larmes … en pleurant » : Candide est particulièrement touché et bouleversé intérieurement ( il gardera en lui un tristesse nouvelle ) : pour la premiere fois ses émotions apparaissent
– Au début on a l’expression « état horrible » pour désigner le noir et à la fin le mot « abomination » qui désigne cette fois tout l’esclavage :Candide généralise et par le noir prend conscience de toutle système esclavagiste
– Il commence à voir la réalité et à se rendre compte des choses. Il voit le monde autrement et pour la première fois critique l’optimisme de Pangloss : « la rage de soutenir que tout va bien quand tout va mal » : il donne une nouvelle définition pessimiste de l’optimisme qui fonctionne sur une antithèse .
II- Un art de la mise en scène
A / l’attitudeinattendue du noir
– Le noir n’a pas de haine, ni de mépris, ni d’indignation : il ne veut plus se révolter après ce qu’y lui est arrivé ( résignation )
– Il ne fait aucune recherche d’arguments : il fait des phrases affirmatives simples : « J’attends mon maitre » « je me suis trouvé dans les deux cas »
– Explication calme et détachée de « l’usage » sans donner aucunes émotions. Ilexplique qu’il est mal traité mais que c’est normal et légal ( Voltaire fait ici référence au Code Noir )
– Il ne dramatise jamais et reste sobre : l’expression « nos seigneurs les blancs » est un indice de soumission et de passivité
– L’expression « je ne sais pas si j’ai fait leur fortune mais ils n’ont pas fait la mienne » : le noir minimise sa souffrance dans une sorte d’autodérision
b/ Sa réelle condition
– Candide et Cacambo vont à la rencontre du noir qui est « étendu par terre » : il y a une opposition entre la liberté de mouvements et l’obligation d’immobilité
– la litote « caleçon de toile » montre le statut méprisable car la toile était utilisée pour envelopper les marchandises
– l’accent est mit sur l’absence de la moitié de l’habit :cette distorsion insiste sur la situation réelle de mutilation
– champs lexical du négociant : omniprésence du maitre et de la domination du banc sur le noir
– énumération des animaux ( les chiens, singes et perroquets ) montre que les êtres humains noirs sont moins bien traités que les bêtes
– le noir énonce pas seulement sa propre situation mais établit l’histoire de tout…