Boismenu

janvier 13, 2019 Non Par admin

Geoffroy de Boismenu/ POUR SPRAY MAGAZINE

I am the Passenger

F2, comme Nikon F2, le dernier tome du projet Fiat Lux de Geoffroy de Boismenu. Une œuvre de jeunesse dit-il, ou comment articulerle travail personnel et inconscient d’un photographe autour des contraintes techniques d’une caméra. F2 est l’appareil qu’il a choisi pour se raconter et traverser l’Amérique, en noir et blanc. “I amthe passenger and I ride and I ride, I ride through the city’s backsides…” Mise au point.

Des mannequins boiteux, blessés par le temps, de la lingerie cheap dessus, dentelles et bas filés. Un chienécrasé sur une route silencieuse, une fille qui ouvre la bouche pendant l’amour et qui mange une banane, après. Un téléphone muet, indifférent, posé là, idiot, à coté d’une fenêtre ouverte. Une forêtde skyscrapers, les Twin Towers debouts, dans la lumière glauque d’un soir, un ourson blanc pendu à un arbre d’hiver, un black Batman à Coney Island, un sanglier bouffé par les vers. Des oiseauxhitchcockiens et des gens qui dansent, qui s’embrassent.
Ca se passe aux Etats-Unis, avant le 11 septembre. On ne sait pas vraiment où, ni quand, ni pourquoi et on s’en fout. On suit un type qui traverseles villes, les rues et sa nana. On pense qu’il aime les choses cassées, fragiles et on les aime avec lui. Ca nous rappelle que parfois, il nous prend l’envie de s’abîmer. Le type, c’est Geoffroy deBoismenu. Il a un nom aussi tripé que dans les romans de chevalerie. Sa quête à l’époque est simple. Mitrailler, sans se poser de questions, suivre son instinct et faire confiance à son imagination.Comme Bunuel quand il parle de mystère dans « Mon dernier soupir ». « Ca a commencé quand j’étais à New York, dit-il, de 1992 à 2000. Je bossais pour le New York Times, le Harper’s Bazaar, Allure et tousces trucs qui me surchauffent aujourd’hui. Parallèlement, je me promenais avec une caméra sur moi. C’était un automatisme et je shootais sans faire attention à ce que je faisais. Je shootais ma…