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septembre 19, 2018 Non Par admin

CONCOURS GÉNÉR.AL DES LYCÉES – SESSION DE 2009 – COMPOSITION FRANÇAISE (Classes de Premières ES, L et S) – DURÉE: 6 heures
Philippe Forest écrit (Haikus, etc. Ed. Cécile Defaut, 2008, p.79): « Il y a dans les vrais livres avec l’évidence même de la vérité dont ils témoignent une inépuisable réserve de mystère, de silence, d’énigme. » Vous confronterez à cette affirmation votre propre expériencede la lecture.

INTRODUCTION
La littérature est protéiforme et inépuisable : romans, correspondances, lettres, récits, essais documentaires, commentaires, récits de voyage, reportages, journal de souvenirs, autobiographies … C’est dire la puissance et la formidable vitalité narrative du livre… et résumer l’aspect extraordinaire des vrais livres, ceux qui visent à saisir l’essence même del’ordinaire. Il suffit, comme le prétend paradoxalement Céline dans l’entame de son roman « Voyage au bout de la nuit », « de fermer les yeux » : « c’est de l’autre côté de la vie ».

LE LIVRE OU L’INSOUTENABLE VERITE DE LA VIE

A LE LIVRE COMME UN PUZZLE : LITTERATURE ET REALITE
– Le romancier fait feu de tous les ressorts romanesques (rebondissements, digressions, suspense, etc…) en lescombinant à la rigueur historienne de la biographie narrative. Le roman est un jeu de puzzle où s’emboîtent toutes les pièces de la création romanesque. Ce qui rattache le roman à la vie, ce sont les émotions, les sentiments, la mort, la peur…L’écrivain est toujours en train d’écrire sur cette réalité qui nous aspire, qui nous force à quitter notre tranquillité, notre coupole de verre…
– Denombreuses œuvres littéraires se proposent de restituer au lecteur l’évidence de la vérité. La littérature mélange souvent l’histoire et la science : elle est une voie pour la connaissance. Le genre romanesque ne se limite pas à raconter des histoires, il ne se contente pas de la fiction. Le point de départ pour la fiction, c’est la frénésie des livres pour tout voir, tout savoir, tout dire, toutraconter …
– Flaubert raconte le périple d’Emma Bovary mais son roman psychologique dit la désespérance sourde de son héroïne, emmurée dans son impossible jouissance de la vie. Les romans autobiographiques, à l’image de « Stupeur et tremblements » d’Amélie Nothomb (récit publié en 1999 qui nous embarque dans « l’horreur économique » si justement décrite par Viviane Forrester – qui vient de publierpar ailleurs une biographie de Virginia Woolf), n’ont d’autre raison d’être que le souci de dire toute la vérité, en toute sincérité. Qu’on relise le préambule des Confessions de Jean-Jacques Rousseau ! Les romans historiques jettent des ponts par-dessus les époques, ils rendent le passé lointain accessible au lecteur. Prenons le cas d’un mémorialiste de génie, l’écrivain finlandais Mika Waltari(né à Helsinki en 1908 et mort en 1979 dans cette même ville), qui a publié pour la première fois en 1945 son admirable roman « Sinouhé l’Egyptien », une fresque historique de l’Egypte antique qui a passionné des générations de lecteurs et lectrices dans le monde entier. Plus proches de nous, les romans de Steinbeck (l’écrivain américain John Ernest Steinbeck est né en 1902 à Salinas et mort en1968 à New York) mettent à nu la réalité sociale et politique. Dans son roman « Les raisins de la colère » (The Grapes of Wrath – 1938 – Prix Pulitzer en 1940), Steinbeck dévoile la misère sociale des immigrants au lendemain de la crise de 1929. John Rodrigo Dos Passos (né le 14 janvier 1896 à Chicago, mort le 28 septembre 1970 à Baltimore) avait déjà publié en 1925 son roman kaléidoscopiqueManhattan Transfer. Ces deux auteurs, assimilés avec Jack London aux « muckrakers », s’attachent à une description minutieuse et sans concession de la réalité sociale et du « courant de conscience » qui anime chaque personnage. Ils jettent les bases du portrait-vérité, bien avant la photo-vérité ou le cinéma-vérité qui adaptera d’ailleurs leurs œuvres pour le grand écran. Sans doute faudrait-il réserver…