A une passante analyse

décembre 30, 2018 Non Par admin

Analyse d’ « A une passante » de Baudelaire

Introduction

Baudelaire publie “Les Contemplations” en 1850. Le poème urbain extrait que nous allons analyser, “A une passante”, dans la section “Tableaux Parisiens” des “Fleurs du Mal” parle de la rencontre dans la rue entre un homme et une femme exquise, qu’il ne reverra sûrement jamais. Nous y distinguerons donc trois axes d’analyse : larencontre, les réactions du poète, les réflexions du poète.

Développement

I. La rencontre
Cette rencontre se réalise dans un contexte sonore. Le contexte va être souligné par son aspect déplaisant. C’est tout le vacarme de la rue moderne qui est exprimé d’abord:
Par la personnification de la rue (v.2)
Par la distance entre le sujet « la rue » et le verbe « hurlait », comblé par laprésence de l’adjectif « assourdissante »
Par deux hiatus (succession de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes, ici « rue assourdissante » et « moi hurlait ») qui sont, eux aussi évocateurs de vacarme. Il est important dès le premier vers de faire saisir que si la rencontre, la communication entre le poète et la passante ne passe que par le regard, c’est que la communication verbaleest impossible.

La présence exceptionnelle de la passante est d’abord marquée par l’insistance que met le poète à souligner son allure par le rythme ample de la phrase qui s’étend sur quatre vers et qui contient son portrait en mouvement. Le vers 2 est ponctué de façon à délimiter des groupes de longueur croissante et précède la régularité des vers 3 et 4.
Dans le vers 4, les quatregroupes de trois syllabes impriment rythme et harmonie de la démarche.
Quant au vers 5, il constitue du point de vue de la structure une sorte d’enjambement sur le deuxième quatrain et surtout élargit le portrait en apportant des éléments d’ordre moral. Ici, la beauté morale se joint à la grâce du corps et aboutit à l’idéalisation de la beauté dans l’expression « avec sa jambe de statue ».Dans le 1er quatrain, il faut aussi retenir l’expression « en grand deuil » qui évoque la tristesse et le malheur. Baudelaire a expliqué que la notion de tristesse accompagne pour lui celle de beauté.

II. Les réactions du poète
Le narrateur, face à cette apparition, ne peut être qu’un spectateur « paralysé », « fasciné », « médusé », souligné part le terme « crispé » au vers 6. Le narrateur a uneréaction émotionnelle incontrôlée.
La comparaison au vers 6 « comme un extravagant » souligne l’opposition des attitudes entre « elle » et « lui ».
Dans les vers 3 et 4, la régularité s’oppose à l’irrégularité du vers 6. Il faut attendre le vers 8 pour trouver le complément d’objet direct du verbe « buvais ». Le verbe boire dénote l’avidité alors que le participe « crispé » indique que la paralysie del’attitude du poète est à la fois ardente et timide.

Dans le vers 7, Baudelaire est sensible au regard de la femme, regard agrandi à la dimension d’un ciel d’orage : « livide », « bleu gris ».
Les sonorités de « douceur », de « fascine » et de « plaisir qui tue » donnent une impression de sentiments agréables, de glissement. Deux mono syllabes: « qui tue ».

III. Les réflexions du poète

Changement de ton: on passa du vouvoiement au tutoiement. Le poète s’adresse directement à la femme. La réflexion fait suite à la description. Au vers 9 s’établit une rupture suivie d’interrogation.
Le vers 9 résume symboliquement une rencontre avec la passante : le poète est illuminé « un éclair », puis désemparé « la nuit ». Il y a donc un renversement.? La rencontre appartient au passéet la femme ne sera plus l’objet de contemplation que dans un futur mystique : vers 11. Cette forme interrogative appelle une réponse affirmative donc un espoir : vers 10. Il s’agit là d’une galanterie précieuse mais surtout, il faut comprendre que la femme ici, a permis d’apercevoir. La triple exclamation du vers 12 scande les étapes de la dégradation de tout espoir.
Le vers 13 tire sa force…