Charles beaudelaire le serpent qui danse lecture linéaire
Charles Beaudelaire, Les Fleurs du Mal, « Le Serpent qui danse »
Introduction :
Charles Beaudelaire est l’auteur de Les Fleurs du Mal. Recueil poétique condamné à sa publication pour « offense à la morale publique ». Dans ses poèmes, Beaudelaire évoque à de nombreuses reprises des figures féminines, notamment Jeanne Duval, une jeune métisse qu’il surnomme sa Vénus noire. Le Serpent quidanse évoque l’amour charnel et passionnel entre Jeanne et le poète. C’est un poème hétérométrique composé de 9 quatrains dont le lyrisme est teinté d’un certain érotisme.
I) Eloge d’une femme aimée qui invite à la rêverie :
A) Une déclaration d’amour :
1) L’énonciation :
Dans le poème, le « je » s’adresse à un « tu ». Le « je » est le poète et le « tu » est Jeanne Duval, CharlesBeaudelaire s’adresse donc directement à elle et le tutoiement indique une intimité. Il y a donc une proximité dans le vécu mais aussi une proximité spaciale.
2) Le registre lyrique :
Le poème a un lexique affectif important : « chère indolente » qui montre une intensité amoureuse. Emerveillement du poète, qui est renforcé par des intensifs : « si beau ». Les sentiments sont exprimés àtravers une ponctuation expressive, les strophes 1 et 9 se terminent par des points d’exclamation. Le lyrisme est très clair, c’est une véritable déclaration amoureuse.
B) L’éloge du corps aimé :
1) L’importance du champ lexical du corps :
Strophe 1 : vision globale du corps
Strophe 2 : chevelure, symbole de la féminité
Strophe 3 : retour sur le poète
Strophe 4 : les yeux
Strophe 5 :démarche gestuelle, strophe centrale faisant écho au titre
Strophe 6 : tête
Strophe 7 : à nouveau vision globale
Strophe 8 : la bouche
Strophe 9 : retour sur le poète
Le regard du poète se déplace sur le corps de Jeanne avec un glissement du général au particulier puis de nouveau au général. On peut rapprocher ce poème de la technique du blason, mais ici Beaudelaire fait l’éloge deplusieurs parties du corps.
2) Eloge d’une démarche :
Le poète semble fasciné par les poses et la démarche de Jeanne : « chère indolente » (v.1) où l’on a l’impression d’une pause lascive et strophe 5 « à te voir marcher en cadence » où l’on peut percevoir les ondulations de Jeanne. Cette démarche est renforcée par l’hétérométrie du poème, il y a une alternance d’octosyllabes et de pentasyllabes.Le poème ondule comme Jeanne et l’image du serpent vient aussi renforcer métaphoriquement l’image de l’ondulation.
C) La rêverie du poète :
1) Un rêve exotique :
Jeanne invite aux rêves parce qu’elle incarne l’ailleurs, pour Beaudelaire l’idéal absolu. Elle est métisse et pour parler d’elle Beaudelaire emploie des références exotiques : « âcres parfum », « le serpent », « l’éléphant ».Tous ces éléments donne l’impression qu’elle est un ailleurs, elle invite le poète à un voyage des sens, tous ses sens sont sollicités : « que j’aime voir », « âcres parfum », « vin de bohème », « chevelure profonde », « glacier grondant ».
2) Le voyage du poète :
Le poème est traversé par une métaphore filée de la mer et des liquides qui connote l’évasion, le voyage. Grâce à Jeanne, lepoète s’évade : « comme un navire qui s’éveille au vent du matin ». La destination est indéfinie.
Dans ce poème lyrique où me poète fait un hymne à la femme aimée, on peut déceler un érotisme trouble.
II) Un poète teinté d’érotisme qui montre le pouvoir de la femme :
A) La progression érotique du poème :
1) le rapprochement physique entre Jeanne et le poète :
On note une progressionentre le début et la fin du poème. Dans la strophe 1, il y a une distance physique. Le premier signe de l’érotisme est dans la nudité de Jeanne, sous entendu dans le « peau miroite ».
Strophe 5 : il y a un déplacement de Jeanne vers le poète, la marche semble très sensuelle « A te voir marcher en cadence ».
Strophe 7 : changement de position, Jeanne s’allonge, la pose devient lascive. Elle…