Commentaire de baudelaire
CORRIGE – COMMENTAIRE COMPOSE
BAUDELAIRE – LE SPLEEN DE PARIS – CHACUN SA CHIMERE
QUESTIONS
1-
Dans son poème en prose, Baudelaire utilise l’allégorie des chimères. Dans son sens concert et mythique, la Chimère était un monstre hybride à tête de lion, corps de chèvre et queue de dragon, bête redoutable qui séduisait et perdait ceux qui l’approchaient. Baudelaire utilise ce sens fabuleuxpour décrire l’atroce emprise que la Chimère exerce sur chaque participant du cortège. Symboliquement, elle représentait des créations imaginaires, inconscientes, les désirs frustrés et les souffrances qui en découlaient. Ainsi, dans le poème, chacun a sa ou ses chimères, ses rêves, ses désirs, ses idéaux, plus ou moins purs d’ailleurs, qui font vivre et souffrir à la fois, signe éternel del’humaine condition.
2-
Baudelaire choisit un récit à la première personne et son narrateur passe par différents états. S’il semble rencontrer fortuitement cet étrange cortège, la minutie de sa description physique est déjà une preuve de sa curiosité, de son intérêt et aussi de sa sympathie pour les souffrances des marcheurs; il éprouve alors le besoin naturel de s’informer, mais devant les réponsesimprécises d’un des marcheurs, il ne peut que poursuivre son étude. Son expression « Chose curieuse à noter » marque une nouvelle évolution dans son étude désormais psychologique et souligne l’étrangeté de leur résignation. Rendu à sa solitude, après le passage du cortège, le narrateur s’acharne « pendants quelques instants » encore « à vouloir comprendre ce mystère » avant de sombrer dans »l’indifférence ». L’effort du narrateur-poète de vouloir comprendre les mystères de la condition humaine aboutit donc à un échec. Lui aussi a sa chimère à porter.
PLAN DETAILLE DU COMMENTAIRE
Introduction
Après les Fleurs du mal, le recueil des Petits poèmes en prose – ou Le Spleen de Paris -, dont l’ensemble ne connut qu’une publication posthume, représente la dernière tentative de Baudelaire pouraccéder à une écriture libre et poétique, pour parvenir à son rêve esthétique, la rencontre magique de l’insolite et du quotidien. Dans Chacun sa chimère, Baudelaire décrit un véritable paysage intérieur, fantastique et pathétique et grâce à un récit allégorique relatant la mystérieuse rencontre d’un narrateur avec des hommes inconnus, victimes d’un monstre familier, il esquisse un tableau saisissant dela condition de l’Homme et de celle du poète.
1/ Le décor, le temps comme expression symbolique du spleen
a) Un monde fantastique, onirique
=> la désolation, le vide, le NEANT, impression de fin du monde
Etude des procédés (négation, répétition, gradation dans la valeur symbolique de chemin (présence humaine), des plantes, gazon, chardon et ortie, végétation même sauvage, même hostileabsente)
=> couleur dominante : gris comme fusion du blanc et noir (farine/charbon), => la poussière, les cendres => l’enfoncement
– le poids du ciel => l’écrasement, l’ennui (coupole spleenétique)
– construction du poème : place des descriptions (début et fin).
– immensité, dimension courbe et planétaire à la fin du texte
– similitudes des éléments (terre et ciel) => enfermement
b) Lieu et tempsindéterminés :
– utilisation des indéfinis, localisation impossible => lieu représentant tous les lieux.
– lieux symboliques chers à Baudelaire : ciel, coupole, horizon
– un temps cyclique : durée, éternité, climat perpétuel
Transition
Dans cet univers, terrestre et céleste, de grisaille éternelle, écrasante et lugubre, le narrateur-poète fait la surprenante rencontre d’un fantastiquecortège d’hommes mystérieux portant une chimère.
2/ La tonalité épique, pathétique et tragique de l’allégorie
a) Utilisation du fond légendaire et historique
=> Sens de l’allégorie : les deux sens du mot chimère
=> Les comparants symboliques : poids des rêves et du destin accentué par la lourdeur des sacs de farine, charbon ou du fourniment (= viatique du soldat)
Outre le poids, d’autres…